Peu après 22h, dimanche soir, sur plus de 78% des bureaux dépouillés, le seuil du 1,86 million de votants était sur le point d'être dépassé. Une participation très convenable avec un élément à relever : près de 1,5% de blancs ou nuls. Ce qui laisse risquer que des sympathisants de la gauche, au sens large, voire des mélenchonistes, s'étaient déplacés. À Paris, Lutte ouvrière en profitait pour coller des affiches Nathalie Arthaud, sa candidate, à proximité des bureaux de vote. C'est donc une nette victoire pour Benoît Hamon. Lequel va contacter Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon.

Si, comme il le pressentait, le candidat écologiste doutait de ses chances d'obtenir ses parrainages, il pourrait être tenté de faire monter les enchères avant de se rallier. À qui ? Tout dépendra du Parti communiste, qui se voit opposer des candidats France insoumise dans des circonscriptions. Des ralliements à Emmanuel Macron aussi. La question du devenir de Manuel Valls, au sein du PS, se pose aussi. Celle de François Hollande ne se pose plus : outre ses futures fonctions institutionnelles, un boulevard s'ouvre à lui dans les fédérations sportives ou le milieu théâtral. Il aura été remarqué que Benoît Hamon a coupé la parole à Manuel Valls (un incident technique, paraît-il), mais surtout que Vincent Peillon a salué ''chaleureusement'' la victoire de Benoît Hamon.

Sondage

Pour le moment, selon un sondage pour Le Figaro, RTL et LCI, Marine Le Pen resterait en tête devant François Fillon et Emmanuel Macron. Mais, et la meilleure mobilisation pour les Primaires citoyennes semble le laisser présumer, Benoît Hamon (15%) devancerait Jean-Luc Mélenchon (10%). On risque donc de voir Arnaud Montebourg solliciter Pierre Laurent (PCF) en coulisses.

Le vainqueur de la primaire ''de la gauche'' ou ''citoyenne'' va devoir, comme François Fillon, taper sur Emmanuel Macron. Ou l'ignorer et laisser Fillon et Mélenchon surenchérir. Cela ménagerait l'avenir. Celui des candidats aux investitures législatives. Le dilemme, c'est que la France a basculé à droite. Mais laquelle ? Une droite de postures, ou une droite vraiment porteuse d'une vision, qui met au cœur de sa réflexion le devenir européen ?

François Fillon s'est rapproché de Marine Le Pen sur les questions de préférence nationale. Elle persiste à faire miroiter une alliance des partis minoritaires proches du Front national… qui convaincrait les majoritaires, de Pologne ou de Hongrie, d'opter pour sa ligne de ''dédiabolisation''. Toutes les formations pouvant aspirer à obtenir Matignon, faute d'être sûres de parvenir à l'Élysée si Marine Le Pen, dépourvue de majorité parlementaire, s'y installait, sont partagées entre courants ou tendances. Cela se voit moins du côté d'Emmanuel Macron : les investitures ne sont pas déjà à l'ordre du jour. Peu autour de Jean-Luc Mélenchon, mais les communistes s'interrogent. Or, l'enjeu n'est pas que l'Élysée, c'est aussi Matignon.

Or l'entrée en lice de François Bayrou, s'il le veut (ou le peut), peut encore brouiller les tarots divinatoires. PS et consorts vont sans doute engranger une participation approchant (+/-) les deux millions (1,9 à 23h). Satisfaisant. Mais semblant pour le moment insuffisant. Finalement, pour les présidentielles, les abstentionnistes départageront : il y en aura dans presque tous les camps, et il y aura des transfuges. Si ce n'est la course aux deux premières places du premier tour, tout semble rester ouvert pour les suivantes. Par ailleurs, peut-être exagère-t-on l'hémorragie des départs des partisans de Manuel Valls vers Macron : c'était plié depuis une semaine, et si elle devrait être forte, elle se serait déjà produite. La saignée, oui, le PS exsangue, sans doute pas.