Pour BFM, Ségolène Royal a estimé qu’elle œuvrera au rassemblement autour de Benoît Hamon ou Manuel Valls, mais en ajoutant que si Emmanuel Macron restait favori pour la présidentielle, ‘’il faudra se réunir pour se demander comment fait-on pour assurer la présence de la gauche au second tour de l’élection présidentielle’’. Alors qu’Emmanuel Macron a reçu le soutien appuyé d’Alain Minc (qui reste très marqué à droite), et que ni Benoît Hamon, ni Manuel Valls, ne veulent évoquer déjà le premier tour des présidentielles, l’entourage de François Hollande et les ténors du Parti socialiste comptent les points : qui se rallie à qui ?

Derrière Benoît Hamon, pratiquement toute l’aile gauche, de Martine Aubry à Gérard Filoche (opposé au revenu universel, mais fidèle à Montebourg), est rassemblée. Et prête à discuter avec Jean-Luc Mélenchon ? Ce n’est pas évident. Est-ce l’inverse derrière Manuel Valls ? Il a reçu le soutien implicite de Stéphane Le Foll qui n’a pas voulu dire s’il voterait Valls ou nul, mais indiqué de nouveau qu’il n’allait pas se rallier à Benoît Hamon. Comme François Hollande, il va prendre ‘’un peu de recul et de liberté’’. La liberté de sonder les intentions d’Emmanuel Macron ?

Bisbilles et retour au calme

Les deux adversaires ne se sont pas ménagé, mais ils semblent, à quelques heures de leur débat télévisé, se montrer désireux d’être avares de mots qui fâcheraient vraiment.

Car il faut bien prévoir la suite, soit la cohésion des militants et du gros des élus socialistes. Manuel Valls assure qu’il veut gagner la primaire, mais exprime à présent qu’il respectera la discipline de rassemblement. Hier, mardi, il éludait encore la question. Qui se posera peut-être différemment si Manuel Valls revenait suffisamment derrière son adversaire, non pas pour l’emporter, mais pour être en mesure de mieux négocier son devenir et celui de ses soutiens.

Les chiffres du premier tour sont encore incertains ce matin, même si les explications de l’autorité d’organisation sont recevables… Hier soir, sur 94,45% des bureaux, Hamon avait engrangé 35,86% et Manuel Valls 31,22. Ce qui indique que l’écart est encore plus net, même si, en vue du second tour, Montebourg n’est plus crédité que de 17,30%.

Une election pas comme les autres

La participation aura vraisemblablement dépassé 1,6 million de votants. Ce n’est pas un formidable succès et le vainqueur semblant évident, sauf colossale surprise, de deux choses l’une : soit la participation croît, des électeurs de gauche venant conforter Hamon ou renforcer Valls, soit des déperditions seront constatées. Dans le second cas, l’issue du premier tour de la présidentielle s’annonce très mal et Benoît Hamon en est très conscient. Au-delà des thèmes qui fâchent (notamment la conception de la laïcité), la question du chômage, dont la courbe ne semble que trop provisoirement inversée, même si elle n’est pas approfondie lors du débat, pèsera lourd. Le bilan du gouvernement Valls est aussi brouillé par des irrégularités d’affectations de fonds des ministères de Royal, Le Drian et Cazeneuve (pas d’enrichissement personnel), qui font un peu douter de l'autorité de l'ex-Premier ministre.

En sus, Mélenchon brandit des tisons (à tort, d’autant plus venimeux qu’infondés, sur la participation aux primaires à Paris), qui peuvent semer le doute et dissuader d’aller voter. C'est bien ce que souhaite Mélenchon. Si la participation reste faiblarde, ou pire, régresse, l’électorat de gauche se posera avec plus d’acuité la question du vote utile : Macron ou Mélenchon? Au vu des premiers résultats partiels, dimanche soir, on pouvait croire à une éventuelle vraie remontée de Manuel Valls, elle semble désormais plus qu'incertaine. Ce qui renforce la perspective d'une montée en puissance d'Emmanuel Macron et inversement, des intentions de vote en faveur de Mélenchon dès le premier tour des présidentielles...