François Bayrou a posé quatre conditions pour réaliser une alliance entre le Modem et En Marche ! Une moralisation de la vie publique, une « séparation de la politique et de l’argent », une meilleure rémunération du travail, et le pluralisme, soit la proportionnelle. « Je n’exprime pas de regrets mais une résolution », a-t-il résumé avant d’annoncer qu’il rencontrerait Emmanuel Macron ce mercredi soir. Il n’annonce pas une fusion entre les deux mouvements, mais une alliance et de fait, un programme commun. François Bayrou a insisté, sans le nommer, sur le Penelopegate.

Mais il a mentionné François Fillon pour critiquer son programme et son affaire « unanimement acceptée par les siens ». Il s’en est pris aux personnalités de l’UDI, sans les désigner, qui renient de ce fait les valeurs du centrisme.

Résolution française

Hormis une petite pique en direction d’Emmmanuel Macron à propos de la colonisation, non sur le fond, mais sur la forme et l’emploi de l’expression « crime contre l’humanité », François Bayrou a réservé ses critiques à la droite et laissé entendre que le maintien de François Fillon pourrait amener une présidence de Marine Le Pen. Ce qui poserait « d’immenses problèmes moraux ». Si Benoît Hamon a été rapidement évoqué, qualifié « d’opposant » au bilan du gouvernement, François Bayrou n’a pas fait état d’autres candidats et il a surtout déploré la désaffection accrue des électeurs et des citoyens pour l’action politique.

Il a cependant cité Alain Juppé avec lequel il prévoyait de passer un accord. Toute l’intervention de François Bayrou s’est axée sur le risque que représente pour la France et l’Union européenne le maintien de la candidature de François Fillon qui, selon lui, ne pourrait qu’entraîner, du fait de la dispersion des autres courants politiques, une élection de Marine Le Pen.

Des possibilités

En mettant fortement en avant l’instauration d’une représentation proportionnelle (puisque « les deux-tiers des citoyens n’ont aucune représentation »), François Bayrou plaide évidemment pour un centre recomposé, mais offre aussi au Front national une perspective. Il n’est pas certain que le rassemblement du centre-droit et centre-gauche puisse se faire autour de lui-même et d’Emmanuel Macron.

Mais « cette alliance, si elle se crée », semble vraiment de nature à François Bayrou, qui ne pose aucune exigence personnelle publiquement, à emporter les deux élections (présidentielle et législatives), et surtout à réformer profondément la vie politique française. C’est en fait une sixième République qui pourrait s’ébaucher si Emmanuel Macron et François Bayrou harmonisaient leurs vues et menaient campagne ensemble. On peut présager que l’essai de François Bayrou, 'Résolution française', sera ces prochains jours le livre de chevet d’Emmanuel Macron, mais aussi celui des autres candidats et d’une large majorité d’électeurs encore indécis.