François Fillon, candidat de la droite à la présidentielle dont la campagne est maintenant pourrie par son affaire d'emploi fictif à l'Assemblée nationale et à la Revue des deux mondes, a décidé de jouer la carte des outre-mers. Il espère ainsi conquérir des voix qui ont été perdues en France métropolitaine. En effet, la majorité des électeurs de l'outre-mer est fidèle à Marine Le Pen et à Nicolas Sarkozy, et les ultra-marins ne représentent pas rien en termes de voix. Car si l'on comprend tous les territoires, départements et régions d'outre-mer, on a une population de près de 3 millions de personnes, dont plus de 2 millions d'électeurs.

Or, l'île française la plus peuplée est la Réunion, avec plus de 835 000 habitants, ce département-région est donc incontournable pour tout candidat à la présidentielle.

S'éloigner de la polémique parisienne

L'objectif second, pour François Fillon, est sans doute de fuir ses détracteurs et ses affaires judiciaires, qui minent sa campagne depuis près d'un mois. Le candidat de l'honnêteté et de la sincérité est en effet rattrapé et par un scandale de corruption (conflit d'intérêt avec Axa), et par un scandale de détournement de fonds publics. Car son épouse aurait touché 900 000€ en tant qu'assistante parlementaire à l'Assemblée nationale, dont des indemnités de licenciement de 45 000€ alors que chaque licenciement a été suivi d'un repêchage par des proches de François Fillon, et quelques dizaines de milliers d'euros supplémentaires à la Revue des deux mondes.

Or, ni à l'Assemblée, ni dans ce journal, son travail n'a été avéré. Par ailleurs, les enfants de François Fillon auraient eux aussi été embauchés en tant qu'assistants parlementaires de leur père lorsqu'il était sénateur et eux encore étudiants en droit.

De ce fait, les critiques fusent de la part de la gauche, et parfois même de l'extrême droite.

Ce déplacement à 9000 km de Paris, épicentre du séisme Penelope Gate, est donc également très motivé. Il s'agit de fuir les protestations venant des concurrents à la présidentielle. De plus, c'est le deuxième voyage à la Réunion de François Fillon, qui s'y était déjà rendu dans le cadre de la primaire de la droite.

La Réunion : territoire à enjeux mais difficile à conquérir

835 000 Français peuplent la Réunion, mais il semble compliqué aussi, voire un exercice périlleux pour François Fillon, de rallier les Réunionnais à sa cause. Pourquoi ? Parce qu'il a fondé sa campagne sur l'esprit même du rejet du multiculturalisme, du mélange des cultures, et de l'immigration. Il disait encore, avant-hier, à Poitiers, que la France n'était pas " un pays mosaïque." Or, pour convaincre les Réunionnais avec de tels propos, c'est raté, puisque justement la Réunion est la région la plus métissée de France. Ce n'est pas pour rien que l'île porte ce nom... Car elle réunit simultanément les cultures hindoue, malgache, chinoise, française, arabe, dans une parfaite communion.

Les religions sont multiples sur cette île, islam, christianisme, hindouisme, etc., et pourtant elles vivent en bonne harmonie. Aucun attentat n'a encore été à déplorer sur son sol. Bref, cela risque d'être compliqué pour lui.