François Fillon, qui a promis la "transparence complète", assure qu'il n'a jamais touché d'argent russe (pour l'argent kazakh, ouzbek, biélorusse, rendez-vous sur Fillon2017, rubrique Transparence – Données financières). En revanche, Emmanuel Macron reste flou sur ses activités passées, mais Julian Assange (WikiLeaks) et les médias russes en ligne, Sputnik & Russia Today, avancent d'autres billes.

WikiLeaks en rajoutera-t-il ?

On se souvient que Régis Desmarais qualifiait, sur Mediapart (en tribune libre reprise par le site Fillon2017, largement répercutée par les relais de François Fillon sur les réseaux sociaux), François Fillon de candidat de rupture, antisystème, contre l'establishment.

Cela rappelle fortement le positionnement de Donald Trump (le ministère étasunien de la Défense va louer des locaux dans la Trump Tower, mais bon…) contre "l'élitaire" Hillary Clinton. C'est dans Izvestia que Julian Assange évoque les liens entre Hillary Clinton et Emmanuel Macron. L'ex-ministre de l'Économie aurait conviée l'ex-candidate à un dîner en compagnie de Manuel Valls. Mais WikiLeaks, qui a piraté le serveur du Departement of State, ne révèle que des généralités sur les personnalités politiques françaises, dont le fait qu'Emmanuel Macron fut banquier et inspecteur des Finances. WikiLeaks va sans doute s'attacher à trouver mieux, épargnant vraisemblablement Marine Le Pen et François Fillon, tous deux favorables à lever les sanctions visant la Russie.

Quant à Sputnik et Russia Today, ils font la part belle à Nicolas Dhuicq (député LR-Droite populaire de l'Aube), président du groupe parlementaire d'amitié France-Bélarus et secrétaire de celui France-Russie. Il a tout pour plaire au patriarcat orthodoxe russe (anti-IVG, contre le mariage pour tous, et considérant que "la laïcité, ce n'est pas la haine des religions" alors qu'il assurait dans l'hémicycle la promotion du Vendredi Saint).

Pour Nicolas Dhuicq, Macron est le valet servile "du grand système bancaire américain", pro-mondialisation, le chouchou de "l'ouvertement homosexuel" Pierre Bergé et de ce fait aux d'un "très riche lobby gay". Emmanuel Macron devra se méfier, son hologramme pourrait être piraté pour le montrer pratiquant l'ondinisme imputé à Donald Trump en des vidéos compromettantes.

Sputnik France se défend à présent : "Sputnik n'a jamais prétendu posséder la moindre information compromettante sur M. Macron (…) en quoi est-il criminel de donner la parole à un député français ?". Russia Today relaie ce jour l'opinion d'Eugénie Bastié, du Figaro (abonnée du FigaroVox), et de Causeur, dite "la péronnelle du bénitier", qui s'est faite la comptable des "inégalités de traitement des médias" (sans presque jamais inclure François Fillon ou Le Figaro dans ses recensions). Pour elle, il fallait en finir avec ("Ali"?) Juppé : "les commentateurs de gauche ne supportent pas l'existence d'une droite de droite ; c'était Juppé ou rien". L'argument est très largement repris par les sarkozystes et les fillonistes.

Verra-t-on Sputnik et RT (Russia Today) déterrer des détails croustillants sur François Bayrou ? Pour le moment, RT relaie la "lettre aux Français publiée par Ouest-France". Cela donne "François Fillon dément les nouvelles révélations du Canard enchaîné". L'Express titre "François Fillon 'dans le caniveau' pour la presse étrangère". Il faut croire qu'il existe de notables exceptions. Si les hackers russes pouvaient nous retrouver l'original de la déclaration d'intérêts transmise par François Fillon à la Haute Autorité (original qu'elle contrôle seulement à présent, indique-t-elle), afin d'indiquer ce qu'en dissimulent "les grisés", merci à RT et à Sputnik de nous éclairer. Mais bon, n'en demandons pas trop, ne jouons pas à The Donald félicitant les hackers russes, et prenons tout cela avec un peu d'humour. Rien dans les médias russes sur la "liaison" entre Penelope Fillon et Nicolas Canteloup ? Dommage...