La décision de Juppé de ne pas se présenter a accéléré la décision du comité politique du parti Les Républicains. Les plans B et autres sont dorénavant écartés. Il n’y a qu’une seule candidature : celle de François Fillon qui a bien joué une partie du peuple de droite contre les élus pour maintenir sa candidature. Sarkozy est réduit à compter sur ses propres affidés, Baroin et les autres, pour essayer de le bordurer. Fillon a gagné en s’appuyant sur la légitimité démocratique de la primaire. Il ouvre la porte en acceptant de revoir les équipes de sa campagne et en accédant à certaines revendications des sarkozistes et juppéistes: jouer collectif.

L’affaire Fillon continue à exaspérer certains élus

L’Affaire Fillon commence à agacer les autres candidats, Macron, Hamon et Valls, qui souhaitent que l’on passe à une autre séquence : celle de la véritable campagne électorale. Le projet de Fillon satisfait les élus de Droite et certains dans le parti Les Républicains souhaitent un candidat de substitution à Fillon alors que certains électeurs de Droite refusent un candidat autre que Fillon. Fillon a gagné en s’appuyant sur la rue. Les élus de droite sont déboussolés. Les centristes ont pris une décision sur laquelle il leur est difficile de revenir : ne plus soutenir le candidat Fillon au nom de la parole donnée et de la morale en politique.

Il semble difficile de déloger Fillon candidat, même si, mercredi 8 mars, Fillon, Juppé et Sarkozy doivent se rencontrer.

Fillon souhaite que la séquence concernant sa candidature prenne fin dès mercredi pour que les dossiers de son projet soient exposés et discutés par les Français. Juppé, par son discours, ne souhaite pas être le candidat de remplacement, il estime que c’est trop tard.

Nicolas Sarkozy pense qu’on peut infléchir le comportement de Fillon, non pour le faire renoncer à sa candidature, mais pour qu’il accepte des sarkozistes auprès de lui. Le discours du Trocadéro a permis à Juppé de prendre sa décision et d’éviter le piège que lui tendait Sarkozy. Sarkozy préfère un Fillon perdant, qu’un Juppé gagnant pour mieux instrumentaliser la nouvelle séquence politique qui s’ouvrira, en cas de défaite de Fillon, pour la gestion du parti.

Quelles perspectives pour la campagne présidentielle ?

La campagne présidentielle actuelle, à quelques jours du premier tour, demeure indéterminée. Les sondages doivent être considérés pour ce qu’ils sont, c'est-à-dire qu’ils prennent, à un instant t, la température du moment. Fillon remontera peut-être dans les sondages, un fois sa candidature cristallisée et reconnue comme telle après le 17 mars, même en cas de mise en examen le 15 mars, car une partie du peuple de droite souhaite sa candidature et sa victoire finale. Trois millions d’électeurs se sont exprimés pour Fillon lors de la primaire de la droite et du centre, alors qu’il faut 20 millions de votes favorables pour être présent au deuxième tour.

La dramaturgie concernant la candidature de Fillon est une séquence que l’on peut considérer comme close. François Fillon ira jusqu’au bout et pense que son projet est le meilleur et que, sur le long terme, les Français vont faire de lui le nouveau Président de la République après François Hollande.