Le rabibochage de la Turquie avec la Russie, ce n'est pas que la lutte contre Daesh, la Turquie dans les régions et pays musulmans turcophones d'Europe centrale (Bosnie, Albanie, Kosovo…) et de l'ex-Urss. C'est aussi TurkStream, le gazoduc sous la mer Noire. Qui a mis du plomb dans l'aile de South Stream, projet concurrent torpillé par la crise ukrainienne (Crimée, Donbass), les sanctions européennes contre la Russie, &c. Et alors ? Alors, et bien sûr, évidemment, cela n'a vraiment, mais alors vraiment, rien de rien à voir, Mediapart nous apprend que 2F Conseil, société dont le directeur-gérant est l'unique salarié, soit FF, François Fillon, avait signé un contrat avec FPI, l'un des plus gros fabricants mondiaux de tuyaux et équipements gaziers et pétroliers.

François Fillon n'avait pas déjà emporté la primaire de la droite et du centre, mais comme d'autres candidats, il se disait sûr de l'emporter. Ou en tout cas assuré d'obtenir un ministère régalien du futur chef de l'État issu, presque tout le monde en convenait alors, de sa formation, Les Républicains. On se souvient aussi que 2F Conseil n'a jamais eu de clients russes, comme l'avait clamé Bruno Retailleau, soutien de François Fillon. Contrairement à ce qu'avait affirmé Rachida Dati qui soutenait que quand le candidat allait donner des conférences en Russie, il se faisait rétribuer. Rachida Dati ne s'est pas rétractée, mais elle soutient désormais François Fillon publiquement (en privé, allez savoir...).

Russophile, mais modéré

François Fillon avait dû aborder le problème, qualifier la Russie de "pays dangereux (…) qui n'a jamais connu la démocratie". Cela ne mange guère de pain, pas de quoi se fâcher avec Vladimir Poutine qui ne serait pas (ou plus) "un ami", tout juste un partenaire. Envers lequel il convient de modérer, ou supprimer, les sanctions visant son grand pays.

Pour soutenir l'agriculture française, bien entendu, et non en raison d'autres considérations. C'est dire à quel point le contrat passé entre François Fillon et Fouad Makhzoumi, le milliardaire libanais à la tête de FPI, n'a strictement rien à voir avec la géopolitique. Il se trouve que Fouad Makhzoumi envie la prestance vestimentaire de François Fillon et qu'il l'a rétribué pour l'aider à choisir ses costumes.

Ou quelque chose du genre, car Mediapart ne révèle pas la nature de la prestation demandée ou obtenue, ou à obtenir une fois revenu au gouvernement (c'était avant la primaire), voire ayant accédé à l'Élysée. Les deux hommes se connaissent de longue date, Fouad Makhzoumi, sunnite, a ses entrées partout aux Émirats et en Arabie saoudite, mais tout cela n'est que polémique inutile puisque 2F Conseil aurait cessé son activité fin décembre dernier. En trois ans, François Fillon a engrangé quelque 750 000 euros avec 2F Conseil, et cela lui a suffi. Extrapoler, supputer qu'un François Fillon à l'Élysée fâcherait la France avec l'Allemagne en se rapprochant de la Russie, serait malséant. D'ailleurs, hormis Le Canard enchaîné ou Mediapart, qui s'intéresse encore à ces arrangements résiduels ?

La page du Penelopegate est en fait quasiment tournée puisque tous les soutiens de François Fillon l'assurent, sa mise en examen ne pourra déboucher que sur un non-lieu. Chasseurs, pêcheurs et amoureux des traditions de nos terroirs s'intéressent davantage au programme du candidat et à la défense et illustration du fromage de Brie qu'à ces histoires de fromages proche-orientaux. N'est-ce point l'essentiel ? Encore un rassemblement saucisson-pinard au Trocadéro, et tout cela appartiendra au passé.