Hier soir 16 Mars, après s'être rendu dans le Vaucluse la veille, François Fillon était en meeting au Zénith de Caen dans le cadre de sa campagne présidentielle. La direction de son parti Les Républicains est toujours derrière lui, malgré les nombreuses défections que le candidat a comptées récemment dans ses rangs, à cause de sa mise en examen pour "détournement de fonds publics et complicité" prononcée par les juges ce mardi. Mais hier, en montant sur la scène normande, François Fillon venait d'apprendre que la Justice s'intéressait également à une autre affaire, révélée en début de semaine par Le Canard Enchaîné : celles dites 'des costumes', que le député de la Sarthe se serait fait offrir pour plusieurs dizaines de milliers d'Euros.

La règle à l'Assemblée Nationale demande aux parlementaires de déclarer tous les cadeaux reçus d'une valeur supérieure à 150 Euros, ce que François Fillon a visiblement omis de faire.

Du côté des sondages, une nouvelle enquête publiée aujourd'hui par Le Point lui donne plus de 7 points de retard sur Emmanuel Macron, alors que le premier tour du scrutin a lieu dans moins de 5 semaines. En montant sur la scène du Zénith de Caen, l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy annonce la couleur : "La vague ne détruit pas le granit", avant d'invoquer le souvenir du Général du Gaulle.

François Fillon chasse sur les terres du Front National

En attendant le résultat des différentes enquêtes et son renvoi devant le Tribunal, François Fillon préfère entretenir son profil de "catholique traditionaliste et conservateur", une étiquette qui lui colle à la peau depuis la campagne de la primaire de la droite et du centre, qu'il a remportée en Novembre face à Alain Juppé.

A Caen hier, il a adopté le discours que son rival qualifiait de "radicalisé", à l'image des propos de Nicolas Sarkozy soufflés par son conseiller Patrick Buisson en 2012. D'autres observateurs y voient une touche Marine Le Pen, voire même Donald Trump, qui n'aurait qu'un seul objectif : faire élire F. Fillon président de la République, ce qui lui permettrait de passer entre les mailles du filet judiciaire.

Son épouse Penelope, en revanche, n'y échappera pas.

A la tribune caenaise, devant près de 5000 militants et sympathisants dont le président de la nouvelle région Normandie, le centriste Hervé Morin, François Fillon s'est engouffré dans la brèche en déplorant l'existence dans notre pays d'un "racisme anti-Français", évoquant le "totalitarisme islamique", l’antisémitisme et "tous les racismes".

Racisme "anti-français" pour Les Républicains, "anti-blancs" pour le FN ; la passerelle entre les deux droites semble disparaître peu à peu.

Le pouvoir judiciaire à nouveau taclé

Comme le Front National, François Fillon se pose désormais en candidat "anti-système", fustigeant les juges, accusés d'avoir mis en place un "coup d'Etat institutionnel". De même, il n'a pas hésité à inciter son public à siffler les journalistes, là encore une spécificité des meetings du FN. Le candidat des Républicains fait donc le choix, à quelques semaines du premier tour de la présidentielle, de tenter le tout pour le tout en recrutant les électeurs de l'extrême-droite.