Le Parti socialiste a clairement été mis en échec par les électeurs français le 23 avril. Pourquoi ? Telle va être la question à laquelle ses dirigeants devront tâcher de répondre dans les mois qui viennent. Est-ce à cause des trahisons ? Est-ce à cause du quinquennat Hollande ? Le Parti socialiste a-t-il été sanctionné pour n'avoir pas été suffisamment de gauche, dans son ensemble ?

Le Parti socialiste concurrencé à gauche

En revanche, si le PS n'a obtenu à cette élection que 2.2 millions de suffrages, la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, elle, en a remporté 3 fois plus, c'est-à-dire plus de 7 millions.

Quelles conclusions tirer de la réussite de Jean-Luc Mélenchon et de l'échec de Benoît Hamon ? En fait, un nouveau leadership s'est imposé à gauche, notamment à cause des tergiversations du PS, qui s'est perdu en entrant en crise au beau milieu de la présidentielle : en effet, ce parti ne savait plus s'il devait se cantonner à un rôle de centre-gauche ou s'il devait tourner la page de cette gauche de gouvernement, désavouée par la primaire de la gauche. Au contraire, la France insoumise, elle, était claire dans sa position pour la présidentielle : soutien univoque à son fondateur, Jean-Luc Mélenchon. La formidable cohérence et l'intangibilité de ce mouvement est probablement ce qui lui a permis d'engranger autant de voix au premier tour de la présidentielle.

Que faire, donc ? Quelle attitude le PS doit-il adopter ? Car il lui faut clairement tirer les conclusions de ses échecs. D'abord, il attendra le résultat de cette seconde prise de température que constitueront les élections législatives. Ensuite, si là aussi il est désavoué par les électeurs, le prochain congrès, avant la fin de l'année 2017, sera l'occasion de fonder un nouveau PS, sur de nouvelles bases, comme l'initiative qui avait été prise par Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon.

Ce nouveau PS exclurait bien entendu le centre-gauche et une large frange de l'aile droite du PS, celle qui a majoritairement appelé à voter Emmanuel Macron avant le premier tour de la présidentielle, et qui donc est certainement responsable, en grande partie, de l'échec de Benoît Hamon. Autrement dit, il faut maintenant faire le ménage, s'occuper des traîtres qui n'ont pas respecté le résultat de la primaire et désigner un nouveau Premier secrétaire sans aucune ambiguïté.

Des tractations avec la France insoumise ?

Si le PS devait clairement redevenir un parti de gauche, alors il pourrait discuter avec les élus de la France insoumise, et créer un bloc de gauche cohérent, où chacun s'entendrait avec l'autre, et où aucune voix ne se distinguerait de la ligne du parti. Cependant, une telle alliance va être difficile pour les deux camps : en effet, il faudra déjà que le PS ait fait le ménage dans ses rangs, et se soit débarrassé de son aile droite, et en même temps certains militants de la France insoumise ne pardonnent toujours pas au PS et se sont rangés beaucoup plus à gauche au cours de la présidentielle. Les négociations seront donc très serrées, mais elles seront l'occasion de fonder une nouvelle force de gauche, qui puisse véritablement se dire de gauche sans mentir à ses électeurs.

C'est sans doute l'initiative la plus attendue chez les militants et adhérents socialistes, et elle devrait se faire relativement dans la douceur, puisque les actuels socialistes ayant appelé à voter pour Emmanuel Macron n'auront aucun scrupule à le rejoindre, maintenant que ce dernier a 90% de chances de devenir Président de la République.