Le débat de ce 4 avril 2017 est intéressant à plusieurs égards. Il consacre l’aspect démocratique de la campagne électorale qui permet à l’ensemble des candidats retenus par le Conseil constitutionnel de s’exprimer. Chaque candidat a droit à 15 minutes de parole autour de trois thèmes : emploi, sécurité et modèle social. Les petits candidats ont tout à jouer et ils doivent être à la hauteur de leur présence sur le plateau. Les grands candidats (Marine le Pen, Hamon, Fillon, Mélenchon et Macron) sont obligés de construire une stratégie différente de celle adoptée pendant le premier débat.

L’exercice est rude car il faut préparer des réponses courtes, saisissantes, motivantes et convaincantes. Mélenchon avait réussi à exister au cours de ce premier débat télévisé, ce qui lui a permis de gagner de nombreux points. Fillon est resté tel que lui-même, sobre, quasiment au retrait. Macron, Hamon et Mélenchon sont sortis du bois en exposant de façon brutale leur projet.

Stratégies différentes de débat entre grands et petits candidats

Le « tous contre Macron » risque d’être le mot d’ordre de ce soir. est-ce la bonne stratégie ? Le leader du mouvement En Marche est averti et il doit s’attendre à un tombereau de missiles se déversant sur lui. Hamon doit montrer que son projet est le bon pour ne pas être distancé par Mélenchon pour lequel la bataille du vote utile à Gauche peut jouer en sa faveur.

Pour Fillon, la stratégie consiste à dire son programme et en quelques phrases courtes à montrer en quoi celui-ci est supérieur aux autres. Marine Le Pen est dans son registre et continuera à se distinguer des autres en demandant que la France quitte l’Europe. Pour les petits candidats, la stratégie du programme n’est pas une option car ils ne seront pas élus (selon les sondages), en revanche ils peuvent perturber les grands candidats en les attaquant sur leurs manquements par rapport à l’éthique et à la morale en politique.

Présidentielle : Comment éviter la cacophonie et capter l'attention des téléspectateurs lors du débat?

Le tableau de ce soir est ainsi posé. Il faut éviter la cacophonie et il faut susciter l’attention des candidats pour que des indécis se déterminent. Il reste trois semaines avant le premier tour. Quels seront les deux impétrants retenus pour le second tour ?

Marine le Pen est-elle déjà admise au premier tour ? Rien n’est sûr car de nombreuses combinaisons sont encore possibles. Mélenchon qui se pose en homme présidentiable peut parfaitement être au deuxième tour contre Macron ou Fillon, ce qui, de facto, exclut Marine Le Pen et donne tort aux sondages et aux sondeurs. Hamon attend le débat de ce soir pour relancer sa campagne. Il risque de dénoncer l’imposture de Macron et la division de la Gauche par Mélenchon. Pour Fillon, il faut faire absolument oublier ses affaires personnelles en orientant le vote des Français vers son projet économique et social. Macron doit sortir de l’ambiguïté qui lui colle à la peau et montrer en quoi son programme participe du renouveau du système politique français et d’une nouvelle mise en place d’un système capable de résoudre les nouvelles/anciennes problématiques françaises que sont la pauvreté, l’exclusion, le chômage, la violence sociale, l’insécurité, le terrorisme.

Les petits candidats, paradoxalement, vont arbitrer les programmes des grands candidats et permettre à ceux-ci de mieux exprimer le fond de leur projet. Une question demeure : comment en 15 minutes peut-on exprimer des réponses pertinentes et globales sur les trois problèmes importants que sont l’emploi, la sécurité et le modèle social ?