Après sa propre mise en examen, puis celle de son épouse, pour "détournement de fonds public, recel et complicité", François Fillon est aujourd'hui au coeur d'une nouvelle polémique, à trois semaines du premier tour de l'élection présidentielle. Interrogé sur RMC et BFMTV par Jean-Jacques Bourdin ce lundi matin, le candidat des Républicains a surpris tout le monde en déclarant que "personnellement, non", il n'arrivait pas à mettre de l'argent de côté tous les mois. En tant que député de Paris, il gagne 7210 Euros bruts, somme à laquelle il faut ajouter 5840 Euros pour couvrir ses frais de mandat, soit un total de 13050 Euros bruts mensuels, sans compter son activité de conseil au sein de la société 2F Conseil, ni son patrimoine immobilier qui comprend notamment un manoir dans la Sarthe.

A titre de comparaison, le salaire moyen des français s'élève à 1722 Euros bruts par mois selon les données de l'INSEE, et 35% de la population parvient à créer une épargne à côté de ses dépenses courantes.

Henri Guaino aussi !

Déjà, le 05 Janvier dernier, le député des Yvelines Henri Guaino, lui aussi membre des Républicains, déclarait que ses 5100 Euros nets mensuels d'élu l'empêchaient de mettre le moindre centime de côté. Il en veut pour preuves les charges qui s'accumulent chez les français âgés de plus de 50 ans, sans en donner le détail, ainsi que le loyer mirobolant qu'il paierait à Paris intra-muros.

"Je ne suis pas élu dans la Creuse ou en Corrèze, les loyers sont beaucoup plus élevés à Paris", se justifiait-il.

Dans le camp d'en face, Julien Dray, conseiller régional PS d'Île-de-France et lui-même ancien député, pense avoir la solution, comme il l'explique dans les colonnes du Point : "Si on veut régler le problème de la corruption, un député a besoin de 9000 euros net par mois, et d'une enveloppe de 3000 euros mensuels de frais divers".

Soit 12000 Euros, ce qui représente, à 1000 Euros près, la somme que François Fillon encaisse chaque mois.

François Fillon veut encore plus de transparence

Dans la liste des propositions des Républicains pour lutter contre la corruption et en faveur de la transparence de la vie publique, François Fillon est farouchement opposé à la fin de l'immunité parlementaire et présidentielle, qui permet au Président de la République, aux sénateurs et aux députés de ne pas être ennuyés par la Justice au cours de leur mandat.

Pour le candidat de droite, cela permettrait de respecter la séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Par ailleurs, François Fillon attend du "premier président de la Cour des comptes, du vice-président du Conseil d’Etat et du procureur auprès de la cour de cassation" qu'ils lui présentent une série de mesures, comme la diminution du nombre de députés et de sénateurs, ou l'imposition de la totalité des revenus des parlementaires.

Enfin, du côté des sondages, le candidat des Républicains a toujours du mal à dépasser la barre des 20% d'intentions de vote, distançant ainsi Marine Le Pen et Emmanuel Macron.