Le vice-président du Front National, Florian Philippot, a multiplié les attaques contre les fonctionnaires de police chargés d'enquêter sur les affaires de corruption. En effet, depuis quelques semaines, le parti frontiste est soupçonné d'emplois fictifs au Parlement européen, et cette affaire médiatisée est loin de plaire aux principaux responsables du Front National. Il y a peu, Marine Le Pen elle-même promettait des représailles contre les fonctionnaires ayant enquêté sur les agissements illégaux du parti, une fois qu'elle serait élue présidente.

Devant une énième réaction du parti contre les policiers, le ministre de l'Intérieur a décidé de porter plainte pour diffamation.

Florian Philippot et la 'police politique'

" Quand vous avez une police politique... (...) Ils ont pris des dossiers qui n'avaient rien à voir, ils ont pris des dossiers liés à l'élection présidentielle d'une candidate d'opposition. (...) On envoie la police de l'Etat pour chercher des dossiers liés à la présidentielle. Il faut que les gens voient ça."

C'est ainsi que s'est exprimé le vice-président du Front National, interrogé sur une perquisition qui avait eu lieu le 17 février au siège du parti. Autrement dit, il a secoué la théorie du complot brandie depuis des mois par François Fillon qui, lui aussi, dénonce la présence d'un " cabinet noir " agissant contre l'opposition à l'Elysée.

Par ailleurs, il s'est interrogé sur l'origine des fuites de cette procédure policière dans les médias, en concluant que l'un des policiers avait volontairement, peut-être contre de l'argent, fourni cette information inédite au Monde. C'est une façon ou une autre de traiter un enquêteur de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales de corrompu.

Voici ce qui a été dit par Florian Philippot : " Un enquêteur de perquisition a donné au Monde, peut-être contre de l'argent, d'ailleurs, il y a peut-être un système de corruption, d'ailleurs, derrière tout ça. (...) Donc [un enquêteur] a violé le secret de l'instruction."

L'honneur de la police bafoué

Selon le ministre de l'Intérieur, ces propos portent atteinte à l' " honneur " des policiers chargés de la perquisition et " laissent entendre que la police serait à la solde du pouvoir politique." Les syndicats policiers se sont ainsi réjouis de la décision de Matthias Fekl de porter plainte : selon eux, le travail et l'honneur des agents ne cessent d'être remis en cause par des volontés politiques qui ne cherchent qu'à se victimiser. D'ailleurs, la CFDT a souligné ironiquement que le Front National soutenait en toutes circonstances les policiers, sauf lorsqu'ils allaient fouiller dans leurs affaires.