Alain Juppé et François Fillon, ensemble, publiquement. Cela n'était pas arrivé depuis le début des affaires, qui ont émaillé cette campagne présidentielle. Le maire de Bordeaux, battu par l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, lui avait fait part de tout son soutien au soir du deuxième tour de la primaire de la droite et du centre. Mais, depuis, les affaires sont passées par là. Et force est de constater qu'Alain Juppé n'a pas été très actif de la campagne de François Fillon. Alors, forcément, c'était un petit événement lorsque ce mercredi les deux hommes étaient réunis afin de visiter le siège parisien de la plateforme musicale Deezer.

Une visite improvisée, puisque les deux poids lourds des Républicains devaient à l'origine se rendre à l’École 42, toujours à Paris. Une visite finalement annulée pour des raisons de sécurité. Chez Deezer, l'actuel troisième homme des sondages a été accueilli par des hasthages #rendslargent, très populaire sur Twitter, sur les fonds d'écrans de certaines employés, mais la visite s'est déroulée sans accroc.

Alain Juppé, de potentiel plan B à soutien timide

Entre Alain Juppé et François Fillon, les choses semblent s'être donc calmées, alors que la hache de guerre avait été déférée au début du mois de mars, quelques jours après la mise en examen du candidat Les Républicains. Ce dernier avait alors déclaré souhaiter aller jusqu'au bout de sa campagne, malgré les difficultés et la perte de nombreux soutiens.

Au sein du parti de droite, beaucoup militaient pour un plan B avec le retrait de François Fillon et une candidature d'Alain Juppé. Le maire de Bordeaux disposait même des 500 signatures d'élus nécessaires, mais, devant la presse, il avait finalement renoncé, confiant qu'il était trop tard et qu'il ne voulait en aucun cas devenir un plan B.

Face à un parti coupé en deux, Juppé avait surtout renoncé en raison de l'opposition de la partie qu'il jugeait « radicalisée » de son parti. Un mois plus tard, le 7 avril, l'ancien premier ministre de Jacques Chirac, absent des meetings, avait renouvelé son soutien à François Fillon via son compte Twitter. « Le monde est dans la tourmente, la #France a besoin d'un Président expérimenté.

F. #Fillon a cette expérience. Je lui confirme mon soutien ».

Nouvelles guerres internes à seulement quelques jours de la présidentielle

Un soutien de façade qui peine à masquer les grandes différences idéologiques entre les deux hommes. Ces derniers jours, c'est la possible présence de Sens commun, mouvement qui soutient François Fillon et proche de la Manif pour tous, dans un futur gouvernement de droite qui a créé l'émoi à droite. Selon les informations du Canard Enchaîné, Alain Juppé aurait assuré qu'il « serai dans l'opposition » si une telle décision intervenait. Sur Twitter, Dominique Bussereau, ancien ministre des Transports, s'aligne sur la position du maire de Bordeaux. « L'arrivée de @SensCommun_ au sein du parti @lesRepublicains a été une erreur, sa présence dans un Gouvernement serait une faute ».

Pour Jean-Pierre Raffarin, soutien fidèle de François Fillon, « je souhaite que personne ne dicte une ligne autre que celle du projet de François Fillon pour lequel je vote ». Alors qu'il ne reste que quatre jours avant le premier tour de l'élection présidentielle, les guerres de clans sont loin d'être terminées à droite. Des divisions internes qui pourraient coûter cher à François Fillon, alors que le candidat du parti Les Républicains est toujours donné en troisième ou quatrième position des sondages derrière le duo de tête formé par Marine Le Pen et Emmanuel Macron.