Onze candidats et plus de trois heures et demie de débat. La soirée de mardi devrait être décisive à moins de trois semaines du premier tour de l'élection présidentielle. Le premier débat réunissant tous les candidats a été l'occasion de voir tout le monde, et notamment les absents du premier débat sur TF1. Philippe Poutou s'est particulièrement fait remarquer en attaquant directement François Fillon et Marine Le Pen. « François Fillon, plus on fouille plus on sent la corruption, la triche, ce sont des bonhommes qui nous expliquent qu'il faut la rigueur, l'austérité alors qu'ils piquent dans les caisses », a expliqué le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste, ajoutant que « il y a aussi Madame Le Pen qui pique dans les caisses publiques.

Pour quelqu'un d'anti-européen, ça ne la gêne pas de piquer dans les caisses de l'Europe ». En tête des sondages au premier tour, la candidate du Front National a également été attaquée par Jean-Luc Mélenchon sur le sujet de la laïcité. « 60% des Français n'ont pas de religion. Fichez-nous la paix avec la religion. Nous ne sommes pas obligés de subir vos foucades, vos trouvailles, votre manière de nous imposer à tous une manière de vivre qui n'est pas la nôtre », a lancé le candidat de la France insoumise, une nouvelle fois à l'aise dans ce type de débat qui réclame une pensée synthétique et des phrases chocs.

Marine Le Pen vs le reste du monde

Marine Le Pen était décidément au centre du jeu mardi soir.

« Ce que vous proposez Madame Le Pen, c'est en effet de la baisse de pouvoir d'achat pour les Français, parce qu'avec la sortie de l'euro pour les épargnants, les travailleurs, ce sera une baisse de pouvoir d'achat. Ce que vous proposez, c'est la guerre économique », lui a lancé Emmanuel Macron, avant que François Fillon ne souligne que « il y a une immense majorité de Français qui ne veut pas de la sortie de cette monnaie européenne, ça veut dire qu'en réalité, il n'y a pas de Politique économique de Madame Le Pen, car cette politique économique s'effondrera à la minute où les Français se seront prononcés sur cette sortie de la monnaie européenne ».

C'est Benoît Hamon qui est venu conclure cette série d'attaques, en estimant que « Daech, ça vous arrange, Madame Le Pen. Ça vous arrange, ça vous fait prospérer. Ça vous arrange, comme ça vous pouvez continuer à faire numéro », après que la candidate du Front National ait affirmé que « la France est une université des djihadistes ».

Emmanuel Macron effacé

Marine Le Pen, comme Jean-Luc Mélenchon, est d'ailleurs apparue plutôt à l'aise dans l'exercice. Les deux devraient continuer de prospérer dans les sondages, tandis que François Fillon et Benoît Hamon ont tenté de se montrer plus offensifs que lors du premier débat : sans réel succès. Emmanuel Macron, plutôt effacé et finalement d'accord avec quasiment tout le monde, a eu du mal à faire entendre sa voix. Jean Lassalle et Jacques Cheminade, pas habitués à ce type d'exercice et à résumer leurs pensées, ont également eu du mal à répondre à l'exercice. Mentions bien en revanche pour un François Asselineau plutôt clair et concis, tout comme Nathalie Arthaud et Philippe Poutou, sans oublier un Nicolas Dupont-Aignan de plus en plus offensif au fil de la soirée après un début timide.