En 1996, après la Guerre du Golfe, Jacques Chirac annonçait la fin du service militaire obligatoire pour tous les jeunes Français nés à partir de 1979. L'ancien président de la République était convaincu que les conflits de notre époque ne pouvaient plus être gérés par des non-professionnels. Les gouvernements suivants ont ensuite mis en place le service civique facultatif, mais cette mesure sert davantage à insérer les jeunes dans la vie active en participant à des travaux culturels, environnementaux... ou sur d'autres thèmes en lien avec des associations sportives ou humanitaires.

Ainsi, la campagne présidentielle de cette année remet le retour du service militaire obligatoire au centre du débat. On le retrouve notamment dans les programmes de Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Aujourd'hui, les jeunes âgés de 18 ans ne sont convoqués qu'à une seule "Journée d'Appel de Préparation à la Défense".

Les différentes opérations anti-terroristes menées récemment, comme au Mali, démontrent les nouveaux besoins de notre pays en matière de forces armées. Il ne s'agit plus de former uniquement d'éventuels professionnels, mais de mettre en place, parmi la population, une certaine cohésion sociale et nationale, devenue plus que nécessaire depuis les attaques terroristes de Paris et Nice en 2015 et 2016.

Enfin, les défenseurs d'un retour du service militaire y voient également un outil du vivre-ensemble et de mixité sociale, une véritable mission de service public.

Les propositions des candidats à la présidentielle

Sur les 11 candidats qualifiés pour le premier tour de l'élection présidentielle, trois se déclarent favorables au retour d'une certaine forme de service militaire : Emmanuel Macron, Marine Le Pen, et Jean-Luc Mélenchon.

Le leader centriste d'En Marche propose un "service national" d'une durée de 30 jours, qui concernerait environ 600.000 jeunes par an. Cette proposition de mesure a reçu de vives critiques de la part de François Fillon, qui estime que ce n'est pas le rôle de l'Etat d'organiser des "colonies de vacances". Il parle même de "péché contre l'intelligence".

Emmanuel Macron préfère y voir une autre façon de repérer les décrocheurs scolaires afin de les insérer dans notre société. L'armée prend déjà en charge 10.000 de ces jeunes chaque année, mais l'ancien ministre de l'Economie voudrait généraliser la mesure à tous les élèves en marge du système scolaire.

Deux autres candidats avancent aussi le retour du service militaire obligatoire : Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, et Marine Le Pen, présidente du Front National. Tous les deux souhaitent à la fois augmenter les effectifs de l'armée, ce qui créerait de l'emploi, tout en remettant en place le service militaire.

Quel financement pour le retour du service militaire ?

Mais un problème de taille se pose : l'armée française n'a plus les infrastructures nécessaires à l'accueil de ces jeunes.

En effet, suite à la disparition du service militaire obligatoire à la fin des années 90, un grand nombre de casernes ont été vendues. Il n'y a donc plus aucune possibilité de loger les appelés dans leur totalité. Interrogé à ce sujet, le ministère de la Défense estime que 15 milliards d'Euros seraient nécessaires pour la remise en place du service militaire.

L'appel d'une durée d'un mois proposé par Emmanuel Macron aurait un coût d'1,5 milliard d'Euros. Selon le journal Les Echos, qui a interrogé le think-tank de l'Institut Montaigne, le coût se situerait effectivement entre 1,4 et 1,8 milliard d'Euros, auquel il faut ajouter 1,1 milliard pour la remise en route des bâtiments publics qui accueilleront les jeunes appelés.

De même, l'institut Montaigne évalue le projet du FN - un service de 3 mois minimum - à 4 milliards maximum pour 370.000 jeunes par an. Enfin, le projet de Jean-Luc Mélenchon, qui propose un "service citoyen obligatoire de 9 mois" rémunéré au SMIC, coûterait 8,1 milliards d'Euros par an.