Enfin nous avons franchi une première étape de cette course épuisante et lancinante des présidentielles. De ces débordements linguistiques, de ces emportements fanatiques, de ces programmes utopiques, que restera-t-il donc le jour de vérité venu ? Une multitude grandissante fuit la Nation, s'arrange une douce vie sous les tropiques, ou se planque piteusement dans un paradis fiscal européen sous le fallacieux prétexte d'être tombé en amour pour un pays sensationnel, même si beaucoup de ces migrants n'avaient à peine idée de l'existence du Portugal avant l'annonce de mesures de défiscalisation alléchantes.

Pays il y a peu encore regardé avec dédain, voir un certain mépris, son nom est désormais placardé jusque dans les entrailles du métro, jetant à la vue des blasés de la routine, des victimes d'une existence insipide, des clichés débordants de soleil et de promesses d'une vie plus douce. On est passé du règne des tajines à celui de la feijoada.

Fuir son pays fiscalement et continuer de voter

N'y a-t-il pas contradiction, voir illégitimité, à prétendre contribuer par le vote à la destiné Politique d'un pays que l'on a choisi délibérément de quitter ? Le fait d'avoir choisi de vivre sous d'autres cieux, de s'investir et d'investir dans une autre économie nationale plutôt que celle de notre naissance, ne devrait-il pas nous interpeller quant à la véritable opportunité de compter encore parmi ceux qui continuent de s'impliquer physiquement et fiscalement dans la construction de leur pays d'origine ?

Bien entendu certains diront "Nous y avons nos enfants, normal que l'on se préoccupe de leur avenir..." (à condition de voter de la même couleur, et d'admettre que l'on ne reconnait pas à sa progéniture une maturité politique suffisante...).

Fillon en tête des votes au Portugal, à Lisbonne

Pour preuve de cette irrationalité et d'une influence mettant en balance des paramètres sur lesquels il conviendrait de se pencher, il suffit de constater le chiffre réalisé par Fillon hors frontières: 36% à Lisbonne !

On sait maintenant où sont passés les déprimés de la droite vacillante, les nostalgiques des 10 glorieuses. Mais l'aventure se termine ici. Arrêt du train, tout le monde descend !

21 avril: date de réception de la droite et de la gauche françaises au musée des fossiles

Tel le communisme il y a quelques années, deux courants politiques majeurs se retrouvent au placard, instaurant en France une volonté de changement.

Pas seulement au niveau des programmes, des fondamentaux, mais aussi (et peut-être surtout...) dans une volonté affirmée de voir s'opérer un bon coup de balai chez une frange politique trop privilégiée, trop opportuniste, trop carriériste, trop corrompue... L'incompétence aussi n'a pas manqué d'être sanctionnée. Reste à savoir si ceux qui ont voté Fillon au premier tour, les fameux 36% de nostalgiques qui ont déserté leur patrie, iront voter pour le deuxième tour. Il est vrai qu'installés pour beaucoup dans des régions éloignées de Lisbonne et Porto (plus de 300 km pour se rendre au bureau de vote depuis l'Algarve), ça freine les ardeurs patriotiques.