Une campagne présidentielle, c'est, en plus d'un programme, un ensemble de stratégies à définir, dont la plus efficace face à un adversaire plus fort que soi est le dénigrement, parfois au prix de la vérité. Ainsi, ce phénomène usuel a eu lieu entre chaque candidat avant le premier tour, puis s'est poursuivi en s'amplifiant au second tour. Les rumeurs, les fausses accusations, les informations mensongères, les montages, ont été l'une des armes privilégiées du clan Le Pen lors de la campagne d'entre-deux tours. Revenons sur les principales contre-vérités prononcées par les cadres du Front National ainsi que sur les polémiques de la campagne.

Macron se lave les mains après avoir rencontré des ouvriers

Cette affaire est née avant le premier tour, alors qu'Emmanuel Macron visitait une usine puis un marché. Selon ses adversaires, il se serait lavé les mains avec un gel hydroalcoolique une fois dans sa voiture, après avoir serré la main à des ouvriers de l'usine. Et en effet, des vidéos ont été mises en ligne le présentant en train de se laver les mains dans sa voiture, mais juste après avoir rencontré les ouvriers de l'usine, ce qui n'était pas le cas. Pourquoi ? Parce qu'il était passé entre temps par le marché et avait dû toucher des poissons, rendant ses mains grasses. Du coup, les vidéos présentées sur Internet sont un subtil montage permettant d'accuser le candidat d'En Marche !

de mépriser les ouvriers de l'usine qu'il venait de rencontrer.

Les rumeurs d'avant le premier tour

Mais avant que le clan Le Pen ne soit à l'origine de toutes les attaques contre Emmanuel Macron, d'autres candidats s'en occupaient à sa place. C'est le cas de François Fillon, qui lui a attribué des propositions impopulaires : accepter l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, et créer une taxe sur les loyers fictifs.

Les rumeurs sont également allées bon train, comme celle lui reprochant de disposer d'un compte offshore aux Bahamas, une autre ayant pour objectif de confirmer ses liens avec Patrick Drahi (PDG de SFR-Numericable) comme celle sur le cadeau fiscal de 14 milliards d'euros qu'il lui aurait fait lorsqu'il était ministre de l'Economie, etc.

La fachosphère lui a même reproché de faire financer sa campagne par l'Arabie Saoudite.

Les SMS d'En Marche !... inventés par le FN

La plus récente polémique a été celle sur la réception houleuse de Marine Le Pen et de Nicolas Dupont-Aignan près de la cathédrale de Reims. Hier, après avoir été évacués rapidement par leurs gardes du corps de la cathédrale de Reims, à cause de la présence d'une foule en colère à ses portes, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan auraient été poursuivis par cette foule et ciblés par des jets de projectiles jusqu'à leur voiture. C'est vrai. Mais la candidate du Front National a immédiatement accusé le mouvement En Marche ! d'avoir fomenté cette bousculade, et ses cadres ont aussitôt relayé des prétendus SMS de la direction du mouvement appelant ses militants à " siffler ", " huer ", "bousculer " et même " tuer " Marine Le Pen.

Voici le contenu du prétendu SMS, envoyé prétendument à 9h32 révélé par les lieutenants de Marine Le Pen :

" Militants ! Urgent ! La Le Pen vient à la cathédrale dans quelques minutes ! Venez avec des amis et venez la siffler, la huer, et même bousculer ! Des ballons et drapeaux Macron et Europe sont dispo au local ! Venez ! Faut la tuer ! Go, go, go."

Le problème, c'est que les images montrées par les lieutenants de la campagne du Front National sur les réseaux sociaux ont été montées de toutes pièces. Comment l'a-t-on découvert ? Parce que le format de l'heure sur cette image n'est pas identique à celui habituel sous iOS : en effet, il est écrit " 9H32 " sur l'image au lieu de " 9 : 32 " habituellement sur ce système d'exploitation, ce qui renforce l'impression d'un montage.

Le directeur de campagne de Marine Le Pen, qui a massivement relayé ces images, a répondu à ces accusations de photomontage en faisant diversion, et en publiant de nouvelles photos montrant effectivement des militants d'En Marche ! (avec des t-shirts et des drapeaux) huant la candidate du Front National devant la cathédrale de Reims. Bref, une des campagnes les plus ignominieuses de la Vè République, car rarement autant d'intox n'avaient été prononcées.