Lu très récemment sur une page Facebook de soutien à Nicolas Sarkozy : "Concernant les MacronLeaks et le Bayrougate, il y a beaucoup trop de documents compromettants pour ne pas en tenir compte sérieusement, nos médias sont responsables de cette absence d'information". C'est bien sûr l'affirmation qu'il convient surtout, pour son auteur, de propager. Il se trouve qu'elle est partiellement fondée. Oui, en plein Penelopegate, peu de titres ont rappelé que Nicolas Grégoire, le 2 avril dernier, a publié sur Medium (site nord-américain) que deux ans durant, rémunéré par le contribuable en tant qu'assistant parlementaire (sans doute en 1996-97), il était en réalité employé par Démocratie moderne, titre du parti Force démocrate, dont le directeur de publication était François Bayrou.

Au-delà de ce cas particulier, Corinne Lepage, dans Les Mains propres, consignait qu'élue au Parlement européen, "le MoDem avait exigé de moi qu'un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien (…) mes collègues ont été contraints de satisfaire à cette exigence". C'est exactement ce qui est reproché au Front National.

Authentique

C'est la presse si souvent dénoncée qui est la source de cet auteur. Car s'il peut être relevé, à juste titre, que l'information a pu échapper à diverses rédactions, elle fut reprise rapidement par Mediapart. Ce fut publié sous le titre "Fictif(s) : deux ans à l'UDF payé par la République". Soit celui de la source, Nicolas Grégoire. Lequel fut employé tant par l'ex-sénateur de Seine-et-Marne Jean-Jacques Hyest (depuis passé à LR), que par l'ex-député UDC Ambroise Guellec, ex-maire de Pouldreuzic (Finistère).

C'est d'ailleurs pourquoi Hervé Chambronnière, du Télégramme (dit "de Brest"), publiera deux articles dont le premier s'intitulait "Emplois fictifs : un ancien assistant parlementaire témoigne". Ambroise Guellec concédait "j'ai pu servir de prête-nom". Et cela n'avait pas échappé à LCI qui a aussi relevé qu'une secrétaire de François Bayrou était rémunérée à mi-temps par Marielle de Sarnez.

La dissimulation et le mensonge par omission de la "médiacratie" semblent ardus à fonder. En réalité, si François Bayrou s'était déclaré candidat contre François Fillon, suppose-t-on que la presse aurait aussi censuré les propos de François Fillon faisant état de ces emplois (non-fictifs, mais détournés) de son adversaire ?

Le procédé est simple. Faute d'avoir du très lourd sur les MacronLeaks, on fait remonter le Bayrougate. Pourquoi pas ? Mais ces sarkozystes qui voteront Marine Le Pen, espérant une éventuelle cohabitation avec François Baroin, emploient les mêmes formules, les mêmes arguments que le Front national et la fachosphère. Ils relaient toutes les rumeurs en les accréditant, même s'ils sont persuadés de leur fausseté. Avec cette antienne : la médiacratie cache tout, ne dit rien, mais nous faisons éclater la vérité ! Tant qu'à faire, au meilleur moment. Les MacronLeaks ont été obtenus voici le temps de faire le tri, mais ils sortent à l'approche du poteau "rose" (du "socialope" Macron), et on en fait le pot aux roses putrides, infectes.

Cela consiste, par exemple, à faire passer la société Dushow (de Roissy-en-France), pour une officine étrangère. L'évidence dément la manœuvre, qu'à cela ne tienne : il y aura assez de crédules pour y accorder foi. Puis répercuter en amplifiant : Macron détient un compte chez Dushow ! Dushow, le Bygmalion-Riwal de Macron ! C'est aussi finaud que de rappeler que Bastien Millot, de Bygmalion, avait offert 4 600 euros à Étienne Bousquet-Cassagne, élu Front national de Villeneuve-sur-Lot, et ancien de Bygmalion (de 2011 à 2013). C'était en 2012, et cela n'avait rien d'illégal. Et que l'on sache, Bygmalion n'est pas devenu prestataire de ce chef-lieu de canton. En revanche, sur la page Twitter de cet élu et attaché parlementaire, on trouve une photo grossièrement retouchée et cette révélation : "Alerte – Emmanuel Macron aurait disposé d'une oreillette durant le débat". Le conditionnel s'impose… D'autres n'ont pas cette pudeur de gazelle.