« S'il n'y a pas une raison gravissime à cette décision, je considère que c'est une désertion ». Non, ce ne sont pas les mots d'un ennemi politique, mais bien de Jean-Marie Le Pen après que ce dernier ait appris la mise en retrait de la vie politique de sa petite fille, Marion Maréchal-Le Pen. La députée du Vaucluse a en effet pris la décision de quitter l'opposition au sein du Conseil Régional de Provence-Alpes Côte d'Azur. De plus, elle a annoncé qu'elle ne se représenterait pas à la députation dans le Vaucluse lors des prochaines élections législatives.

« J’aime le monde de l’entreprise, je n’ai jamais cessé de le défendre durant mon mandat et j’aspire aujourd’hui à y travailler », explique la jeune femme de 27 ans dans un courrier diffusé ce mercredi par Vaucluse-Matin et le Dauphiné Libéré. Marion Maréchal-Le Pen met également en avant des raisons personnelles en confiant qu'elle a envie d'être auprès de sa fille de trois ans. Une fille va donc retrouver sa mère, mais aujourd'hui, c'est bien le Front National qui semble orphelin.

La plus populaire auprès des militants

Orphelin de son leader le plus aimé et sans doute le plus charismatique. Unique députée élue sous l'étiquette Front National en 2012, Marion Maréchal-Le Pen avait même failli remporter la présidence de la Région PACA face à Christian Estrosi lors des élections régionales de 2015.

Depuis, elle n'avait jamais hésité à tenir tête à l'élu Les Républicains qui, hasard du calendrier, a annoncé lundi qu'il quittait la présidence de la Région PACA pour redevenir maire de Nice. Extrêmement présente à l'Assemblée Nationale, en tête du cortège des manifestations contre le Mariage pour tous, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen dispose d'une adhésion sans pareille auprès des militants du Front National.

En 2014, lors du congrès du parti, elle avait largement remporté le vote interne permettant de désigner les membres du comité central. Avec 80% des voix, elle avait largement devancé un certain Florian Philippot (69%). Pourtant, lors de l'élection présidentielle 2017, c'est bien la ligne politique du vice-président du FN qui a été retenue par Marine Le Pen.

Une ligne sociale, mais aussi axée sur la sortie de l'Euro, qui a échoué au second tour face à Emmanuel Macron.

La ligne Philippot gagnante par « forfait » ?

Apparue plus en retrait que Florian Philippot tout au long de la campagne, Marion Maréchal-Le Pen n'avait pas caché sa déception devant les caméras de télévision au soir du second tour, devant le score de Marine Le Pen. « Il y a aujourd'hui une réflexion à mener car nous n'avons pas réussi à imposer l'idée que cette élection était un référendum », avait alors souligné la députée du Vaucluse, appelant sans doute à un changement de ligne politique. Mais ce combat, ce ne sera donc pas elle qui le mènera, laissant ainsi le champ libre à la ligne Philippot, au grand dam de nombreux militants.

Dimanche soir, Marine Le Pen avait annoncé qu'elle mènerait elle-même le combat des législatives, mais ce retrait provisoire de la vie politique de sa nièce est un coup dur, alors que le Front National espère justement faire une entrée massive à l'Assemblée Nationale d'ici un mois. On sait donc déjà que Marion Maréchal-Le Pen ne fera pas son retour à l'Assemblée. Elle n'exclue pas de revenir un jour en politique, mais préfère prendre du temps pour elle et pour sa fille. « Comme dirigeante politique je regrette profondément la décision de Marion mais hélas, comme maman, je la comprends », a d'ailleurs souligné Marine Le Pen sur Twitter. La jeune femme de 27 ans n'aurait surtout pas envie de s'opposer frontalement à sa tante. Quand on sait à quel point la famille Le Pen a été divisée par les combats politiques, c'est sans doute la plus sage des décisions.