C'était dans l'air. Depuis son refus de soutenir Benoît Hamon lors de l'élection présidentielle, Manuel Valls s'était de lui-même mis en retrait du Parti socialiste. Cette fois, le divorce est officiel. Invité de RTL, l'ancien premier ministre de François Hollande a assuré « qu'une part de ma vie politique touche à sa fin. Je quitte le Parti socialiste, ou le Parti socialiste me quitte », a-t-il confié, visiblement toujours amer envers un parti qui lui a refusé l'investiture lors des dernières élections législatives. Amer, Valls l'est aussi envers les frondeurs du PS, qui selon lui ont joué un rôle désastreux dans le quinquennat de François Hollande.

Et alors que l'ancien président de la République renonçait à se représenter et que la voie était donc libre pour Valls, ce dernier a perdu lors de la primaire de gauche, battu par Benoît Hamon, un frondeur justement. « Je ne siégerai pas dans un groupe où il y a des ambiguïtés », a ajouté Manuel Valls, faisant référence à la volonté du PS de ne pas voter la confiance au nouveau gouvernement. L'ancien maire d’Évry, lui, la votera.

Valls rival puis allié de Macron

Mais un départ du Parti socialiste n'est pas automatiquement synonyme de ticket d'entrée au sein de La République en Marche. En effet, le parti de la majorité présidentielle n'avait pas accordé l'investiture à Manuel Valls lors des élections législatives, ce dernier s'étant donc présenté sans étiquette devant les électeurs.

Selon LREM, l'ancien premier ministre n'avait alors pas les critères requis pour bénéficier du statut de candidat de la majorité. Cela a d'ailleurs failli lui coûter cher, puisque le désormais ex-membre du PS a conquis son siège de député avec seulement quelques voix d'avance face à la candidate de la France insoumise, au terme d'une soirée de second tour particulièrement houleuse.

Après sa victoire et son départ du Parti socialiste, Manuel Valls a-t-il une chance de se faire accepter au sein de cette toute nouvelle et écrasante majorité ? Pas sûr, puisqu'il ne correspond pas vraiment à la volonté de renouveau souhaitée par Emmanuel Macron. Un Président de la République qui, en plus, n'aurait pas apprécié la façon dont l'a traité Valls du temps de son passage au gouvernement en tant que ministre de l’Économie.

Désormais, avec un Macron Président et un Valls simple député, l'ancien premier ministre sait qu'il va devoir manger son pain noir pendant un bout de temps.

Macron a apprivoisé Valls... pour le moment

La République en Marche ne l'accepte pas, mais a cependant décidé de faire preuve d'une relative clémence à son égard. Lors des élections législatives, LREM n'avait ainsi présenté aucun candidat face à lui, ce qui aurait rendu impossible son élection. Et cette fois, Manuel Valls est autorisé à siéger en compagnie de la majorité en tant que député apparenté LREM. Une grosse différence pour l'ancien premier ministre qui va ainsi bénéficier de certains avantages et de plus de temps de parole à l'Assemblée nationale.

Il va donc continuer à exister politiquement et médiatiquement. Rival d'Emmanuel Macron du temps de leur expérience commune au sein du gouvernement de François Hollande, Manuel Valls a-t-il vraiment l'intention de s'installer dans la durée avec La République en Marche ? Ou est-il juste de passage dans le « camp des vainqueurs » le temps de voir comment évolue la reconstruction de la gauche et du Parti socialiste ? Nul ne sait quelles sont vraiment les intentions de Manuel Valls, qu'Emmanuel Macron a pour le moment réussi à apprivoiser... tout en sachant qu'un jour, il pourra se retourner contre lui.