L'arrestation éclair de deux hommes à Marseille le 18 avril, un jour avant le meeting de Marine Le Pen, dans le cadre de la campagne présidentielle, avait amené les journalistes et les enquêteurs à se poser des questions sur les cibles des terroristes. Des liens avaient rapidement été faits entre cette arrestation, justifiée par les forces de l'ordre par un risque d'Attentat imminent, et les meetings qui se succédaient à Marseille pour la campagne présidentielle. Néanmoins, jusqu'ici, aucune confirmation n'avait été donnée par les autorités. Hier, le journal Libération a enfin confirmé les faits : les deux individus arrêtés par la police comptaient bel et bien commettre un attentat pendant le meeting de Marine Le Pen, mais aussi dans des bureaux de vote et des bars de Marseille.

C'est un choc, car, jusqu'ici, les journalistes affirmaient que si l'attentat visait une cible politique, c'était François Fillon. En effet, le candidat de la droite apparaissait dans une vidéo d'allégeance à l'Etat Islamique, sur la une du Monde, que tenaient alors les deux individus. Jusqu'alors, personne ne se doutait que ce soit Marine Le Pen qui était visée par les terroristes, quand bien même elle tenait un meeting le lendemain dans la cité phocéenne.

Bars et bureaux de vote

Ce n'est pas tout : selon les informations auxquelles Libération a eu accès, des bureaux de vote de la ville étaient également visés - ils devaient être frappés le jour du premier tour. De plus, les terroristes voulaient aussi s'en prendre à des bars marseillais fréquentés par des touristes dont, principalement, des Russes, des Israéliens et des Américains.

Le mode opératoire prévu par les individus arrêtés le 18 avril n'a cependant pas été précisé, bien que la police affirme avoir trouvé, au domicile des deux terroristes, des armes de guerre et plus de 3 kg d'explosifs. Peut-être que les bureaux de vote devaient être piégés par des explosifs, tandis que les bars devaient être arrosés à la mitraillette par les terroristes.

Seule la suite de l'enquête nous le dira.

Marine Le Pen réclame une enquête

Avertie hier de la menace qui pesait sur elle lors de la campagne présidentielle, la présidente du Front National a demandé l'ouverture d'une enquête sur l'attitude des autorités pour " grave dissimulation." En effet, elle reproche à l'Etat, alors qu'il était au courant que ces agissements la visaient, de n'avoir prévenu ni son équipe de campagne, ni elle-même, ni les médias, et ce à des fins électorales.

Ainsi, le Front National a tweeté hier : " Il est surprenant, exceptionnel, et parfaitement inadmissible, que jamais Marine Le Pen ni son équipe de campagne n'aient été informées par les autorités de cette menace très grave. Elle leur serait aujourd'hui toujours inconnue si des fuites n'avaient pas eu lieu."

Le communiqué du parti est parlant : " Meeting de Marine Le Pen visé à Marseille : silence honteux des autorités." De ce fait, la présidente du Front National a regretté que, même dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, des petits calculs électoraux aient encore lieu au sommet de l'Etat. Pour l'ancienne candidate à la présidentielle, le gouvernement a fait appel à de " petits raisonnements politiciens ou électoralistes " alors qu'il aurait dû accepter de " travailler en bonne intelligence " avec tous les candidats, " y compris des adversaires politiques." Le parti de Marine Le Pen aurait en effet pu récupérer l'événement pour montrer qu'il était menacé par le terrorisme, et pour inciter à voter pour lui, afin de ne pas laisser gagner le terrorisme. C'est sans doute pour cela qu'il dénonce le silence du gouvernement sur les cibles des terroristes à ce moment-là.