Quatre mois après le début d'un exercice délicat du pouvoir, le Gouvernement d'Edouard Philippe est plus que jamais attendu en cette rentrée 2017. En effet, si l'action gouvernementale a déjà bien progressé sur de nombreux terrains comme celui de la moralisation de la vie publique cher à François Bayrou, beaucoup de chantiers reste encore à engager. Bien sûr, aucun doute que le principal objet de toutes les crispations de cette rentrée réside dans le déclenchement de la fameuse transformation du Code du travail portée par Emmanuel Macron durant sa campagne et discutée depuis juillet avec les syndicats.

Un document officiel désormais public détaille aujourd'hui point par point les différents éléments du projet de loi sur à peu près 150 pages pour 36 mesures et cinq ordonnances. Et pour leur part, Edouard Philippe et Muriel Pénicaud se disent satisfaits de l'avancée majeure pour la lutte contre le chômage que constitue cette réforme qu'ils qualifient eux-même de "transformation d'une ampleur inégalée".

Une réforme du Code du travail orientée vers les PME/TPE

Ce sont bien les TPE et les PME qui se font la part belle avec cette transformation qui libère les petits patrons de nombreux blocages générés par un cadre social qui leur était jusque-là défavorable. Renforcement de la négociation collective au niveau des branches, assouplissement du cadre du dialogue social dans les entreprises de moins de 50 salariés qui pourront se déroger à une présence syndicale, lisibilité sur la sécurisation des relations de travail avec le droit à l'erreur et le plafonnement des indemnités prud'homales, harmonisation du dialogue social en entreprise avec la mise en place du comité social et économique (CSE), remplacement du "compte pénibilité" par un "compte professionnel de prévention" qui se veut plus réaliste, voilà autant de bonnes nouvelles pour ceux qui représentent aujourd'hui un peu plus de la moitié des salariés en France.

Une loi qui libère plus et qui protège mieux

C'est en effet, une plus grande marche de manoeuvre qui est donnée aux entrepreneurs dans l'optique de les motiver à embaucher. Les organisations patronales dont le Medef de Pierre Gattaz ont de quoi être ravies avec pour acquis un certain nombre de sujets négociés en entreprise, un périmètre national pour les multinationales dans la mesure d'un plan social, ou encore une lecture plus claire des mesures de licenciement.

Toutefois, les protections nouvelles apportées par les nouveaux textes aux salariés sont déjà saluées par le secrétaire général FO Jean-Claude Mailly et certaines personnalités de Gauche, notamment le renforcement de la branche et l'organisation de secteurs en pleine croissance comme le télétravail.

Toutefois, la méfiance persiste sur les éventuelles dérives que pourraient bien entraîner certaines libertés accordées au patronat comme la possibilité de négocier directement avec les salariés sur leurs conditions de travail.

Jean-Luc Mélenchon lui se dresse en premier rempart face à ce qu'il appelle déjà un "coup d'Etat social". Entre temps, le projet de loi poursuit son parcours au Conseil d'Etat et devrait arrivé sur la table du président Macron pour promulgation d'ici la fin du mois de septembre.