Il y a quatre semaines, à Orléans, les présidents de région lui avait violemment tourné le dos. Alors, pour le congrès des départements tenu à Marseille vendredi dernier, Édouard Philippe a souhaité se montrer plus mesuré dans son discours. Sans nul doute la preuve qu'en bon ancien élu local, il sait se mettre à l'écoute des doléances. Bien sûr, prendre le risque d'une franche rupture des relations entre l'État et les collectivités n'était fort heureusement pas envisageable pour le Chef du Gouvernement.

D'ailleurs, même s'il estime que le compte n'y est toujours pas, le président de l'association des départements de France Dominique Bussereau salue la nette amélioration dans l'approche adoptée par l'Exécutif.

Pas de révulsion donc, même si on pleure déjà de n'avoir été satisfait qu'en partie.

Les exigences des départements pour Edouard Philippe

Le premier sujet de revendication des départements porte sur les dépenses sociales et notamment les allocations individuelles de solidarité tel le RSA dont ils ont la charge d'assurer le règlement. Le hic réside dans le fait que l'État ne verse qu'en partie la compensation financière due à l'opération. Un manque de 43% chaque année s'insurge le président du département Charente-Maritime.

Le second sujet de préoccupation des départements porte quant à lui sur les migrants mineurs non accompagnés. On réclame de ce côté que l'État prenne sur lui l'intégralité de la charge qui leur est attribuée.

Les ambitions de l'Exécutif

Les revendications des présidents de département, Édouard Philippe assure les avoir entièrement faites siennes. Ainsi, le Chef de la majorité présidentielle a fait la promesse de l'adoption d'un fond d'urgence au Parlement avant la fin de l'année afin de répondre aux besoins en dépenses sociales, sans toutefois en préciser la valeur.

À cela, le Premier ministre ajoute une autre promesse, celle de préparer pour le budget 2019 des réformes "ambitieuses" touchant aux ressources mises à disposition des départements. Une nouvelle qui ne devrait pas manquer de faire plaisir aux collectivités qui le boudaient encore il n'y a pas si longtemps au sujet du pacte de responsabilité appelé de ses vœux par Emmanuel Macron.

Si au départ, le Chef de l'État exigeait une limitation de la hausse annuelle des dépenses à 1,2% en échange d'une plus grande marche de manœuvres, l'Exécutif serait près à envisager une modulation fonction des particularités de chaque collectivité. Pour les migrants mineurs non accompagnés, Édouard Philippe a rassuré sur le fait que l'État a vocation à assurer leur hébergement et leur évolution. Une petite victoire, alors que le Gouvernement a amorcé son long virage à gauche pour la fin d'année.