Où en serait l'économie mondiale si la Chine avait maintenu ses taux de croissance à deux chiffres ? Alors même que le géant asiatique semble connaître quelques difficultés suite à la crise - ce qui ne l'empêche pas d'avoir un taux de croissance enviable de plus de 7% cette année - il vient de passer devant les Etats-Unis en terme de richesse produite. D'après des chiffres du FMI publiés en octobre, la Chine représentera cette année 16,5% de la richesse mondiale contre 16,3% pour les Etats-Unis. Calculé en « parité de pouvoir d'achat », le PIB chinois est attendu à 17,6 milliards de dollars contre 17,4 milliards pour l'Amérique.

Même s'il faut prendre ces données avec prudence, on peut penser qu'elles confirment une tendance forte depuis quelques années. Déjà, les Etats-Unis ont perdu leur place de premier commerçant du monde l'année dernière au profit de la Chine. Pékin est devenue le roi du commerce mondial devant Washington. Ensuite, la crise financière a porté un coup à l'économie américaine qui commence à repartir de l'avant. Les Chinois de leur côté ont mieux encaissé le choc. Il faut dire qu'avec leur croissance à deux chiffres de ces dernières années, bien supérieure à celle des économies occidentales, ils ont pu se permettre quelques difficultés.

 L'économie chinoise en plein bouleversement

Reste que la Chine doit encore confirmer ses bonnes dispositions.

Guettée par la surchauffe, même à + 7% de croissance, le géant doit aussi réussir le basculement en cours de son économie. Il s'agit pour Pékin de développer son marché domestique pour renforcer un tissu industriel en gestation et qui dépend encore largement des commandes occidentales. La Chine est de moins en moins l'atelier du monde, au profit d'autres pays d'Asie et de la « relocalisation » des activités industriels.

Et devient de plus en plus un producteur de biens et de services « made in China » qu'elle destine à son marché intérieur et à l'exportation.

Pour l'éditorialiste du site Market Watch, qui a repéré les chiffres du FMI il y a seulement quelques jours, l'arrivée de la Chine au poste de n°1 est aussi un « tremblement de terre géopolitique de grande ampleur sur l'échelle de Richter ».

Pour Brett Arends, la domination américaine sur le monde depuis le XIXème siècle - elle faisait suite à la domination de l'Angleterre ou de la France - est en train de tomber. « Malgré tous leurs défauts, ces deux pays ont été à l'avant-garde mondiale en terme de libertés civiles, de processus démocratiques et de droits constitutionnels ». Sous-entendu, une montée en puissance d'une Chine peu sensible à ces questions pourrait être politiquement dangereuse.