3% de croissance mondiale: d'autant plus crédible qu'elle n'est pasexcessive

C'estle point central pour l'ensemble des agents économiques où qu'ilssoient. Le cycle est assez affirmé et, finalement d'autant mieuxaccroché qu'il se développe sur un rythme contenu. On ne peut quepartager le constat, et aussi remarquer – comme les spécialistesde Black Rock – que l'expansion est bien laborieuse à ce stade dela reprise. Le rebond est atypique si on le compare à toutes lespériodes ayant suivi une récession depuis 1960, en Europe bien sûr,mais aussi dans le reste du monde et même aux Etats-Unis.

Sila base mondiale (un taux de 3%) est assez affirmée, on aurait tortd'en conclure qu'elle entraîne en conséquence une stabilitépropice aux affaires et à la visibilité qui entretiendraitautomatiquement une tendance haussière des Bourses. Les écartsentre les zones montrent que la sortie de crise passera par denouveaux chocs. La dispersion des taux de croissance est criante dansles pays développés (Etats-Unis d'un coté, Europe et Japon del'autre), mais autant et peut-être plus encore dans les paysémergents: le concept même d'émergent a explosé.

Lesbanques centrales poussent encore le dollar à la hausse

On peut dire sans grand risque de se tromper que l'année 2015 sera unenouvelle année des banques centrales, pour l'économie comme pour laFinance.

On retrouve assez logiquement la dispersion notée pour laconjoncture économique. D'une façon globale, la Réserve Fédéraleaméricaine doit stabiliser la croissance avec le premier souci de nepas la casser, alors qu'en Europe, au Japon, mais aussi en Chine, lamobilisation va se développer contre la déflation.

Ladéflation des prix des biens et services est une réalité et leschiffres européens du premier trimestre vont sans doute le confirmerd'une façon assez cruelle.

Le crédit est aussi en panne. Leconstat, qui vaut pour les deux grandes économies asiatiques – etoui, la Chine aussi –, entraîne une vraie révolution: l'ensembledes instituts d'émission n'hésite pas à pratiquer une gestion «nonconventionnelle» de la monnaie et les injections vont se poursuivreet même s'accélérer. C'est bien sûr en Europe que le changementest le plus frappant: Mario Draghi, le patron de la Banque Centraleaffirme désormais que se refuser à acheter des obligations desEtats de la zone euro serait, pour la BCE «ne pas respecter sonmandat, ce qui serait illégal».

Le dogme de la Bundesbank a sauté.

Parmiles conséquences, les investisseurs vont en retenir deuxprincipales.

Lapremière est la poursuite du divorce pour les prix: baisse des bienset services ou des matières premières, hausse des actifs(financiers et immobiliers). C'est la conjoncture que lesspécialistes d'Amundi ont baptisé «low flation». La hausse desratios d'évaluation qui permet aux Bourses de progresser plus viteque les profits a marqué une pause en 2014, mais va être un nouveausoutien en 2015.

Ladeuxième conséquence certaine est la persistance de la guerre desmonnaies. La progression du dollar devrait se poursuivre, enparticulier face à l'euro: la divergence de la croissance et celledes politiques monétaires ont des effets qu'il sera difficile decontrecarrer.

Le mouvement est très favorable à la rentabilité dessociétés: une baisse de 10 % de l'euro vis à vis des monnaiesd'échange (pas seulement du dollar, mais il a une placeprépondérante) entraînerait une appréciation des profits dessociétés cotées de la zone euro de l'ordre de 12%

Letransfert de la taxe pétrolière vers les consommateurs

Lapurge sur les énergies fossiles est «non achevée» selon l'analysedélivrée par Oak Field Partners il y a trois semaines. Avec unbaril au-dessous de 60$, on peut estimer qu'elle est cependant bienentamée désormais.

Onpeut s'attacher aux conséquences directes pour l'activitééconomique. Une baisse de 40$ des cours du brut se traduit par untransfert des producteurs vers les consommateurs qui serait, selon lecabinet d'étude Oddo, équivalent à 1,8 % du produit intérieurbrut mondial.

C'est un point d'appui supplémentaire pour lesscénarios qui vont déterminer l'investissement en 2015. Cependant,il ne va faire qu'amplifier les écarts d'une zone à une autre et,singulièrement pour les pays émergents, fragilisant à l'extrêmeles plus dépendants de la rente pétrolière: Nigeria, VenezuelaAlgérie, Russie,...