Gleeden est ce site de rencontre aux valeurs plutôt immorales, si pas scandaleuses qui fait tant parler de lui. Une nébuleuse pour certains, un fantasme encore irréalisé pour d'autres. Pour ceux qui n'ont jamais osé s'y inscrire, de peur peut-être de devoir fournir des explications douloureuses à celui ou celle qui partage votre vie, j'ai franchi le pas en m'inscrivant sur Gleeden, à mes risques et périls…

Questions indiscrètes

En arrivant sur la page d'accueil du site, tout est mis en œuvre pour mettre en confiance le futur utilisateur : fond mauve aux allures de chambres à coucher sexy, photos d'utilisatrices peu vêtues clamant adorer le site, slogans sensés convaincre l'utilisateur dubitatif (« 35% des femmes le plébiscitent »)… Après avoir été séduite par la mise en page, me voilà prête à m'inscrire.

L'inscription en tant que telle est plutôt rapide : après avoir indiqué un pseudo (qui ne peut pas être votre vrai nom), une adresse mail et un mot de passe, il ne reste qu'à indiquer mon sexe, mon statut marital et quel type de personne je recherche (homme, homme en couple, femme, femme en couple). Après confirmation par e-mail, me voilà prête à remplir mon profil en détail. De quoi ai-je l'air ? Quels sont mes hobbys ? Ma profession ? Mon âge, mon poids et la couleur de mes yeux ? Après les questions « banales », viennent celles qui ne peuvent décemment être posées que sur ce genre de site. Quel est le genre de la relation recherchée (cochez au choix « coup d'un soir », « aventure », « passion »…) ?

Quelles sont vos préférences sexuelles (« dominer », « romantique », « sextoys »…) ? Gleeden commence tout doucement à ressembler à un monde où tout est caché, pour mieux tout révéler.

L'infidélité, un pas difficile à franchir

Me voilà donc prête à chasser l'homme infidèle. Les proies ne se font pas attendre : après quelques minutes, mon profil a déjà été visité plus d'une dizaine de fois.

Et pourtant, malgré une description avantageuse, aucun message ne m'a été envoyé… Peut-être serait-ce à cause des tarifs plutôt exorbitants demandés aux hommes, qui doivent payer plus d'un euro pour pouvoir contacter une utilisatrice ? Je dois donc faire le premier pas et contacter ces hommes mariés (ce qui est indiqué dans leur profil) de moi-même.

Après un premier « bonjour », ceux-ci ne se font pas prier pour répondre et engager la conversation d'un ton badin. Me sentant quelque peu piégée par ces hommes en chaleur, je me dois d'être honnête et leur explique clairement que je ne suis pas là pour faire des rencontres, mais bien pour tester Gleeden pour mes lecteurs. Certains ne répondront plus, mais d'autres se montrent intrigués, et acceptent de me donner leur avis sur ce site tant décrié. « Je m'y suis inscrit pour fuir la routine, faire des rencontres passionnantes et me retrouver au milieu de ces gens qui partagent les mêmes intérêts malsains (sic) que moi », me confie un époux d'une quarantaine d'années. Un autre, un jeune homme de 25 ans en concubinage, m'avoue s'être inscrit dans le but d'être infidèle mais n'a pour l'instant pas encore sauté le pas.

« J'ai pris contact avec deux filles qui me plaisaient. J'ai rencontré la première et nous avons bu un verre durant une heure ou deux, mais elle était trop vulgaire pour moi et nous nous sommes quittés en bons termes. J'ai ensuite vu la deuxième quelques minutes, mais de nouveau, trop vulgaire ! », explique-t-il.

Stéphane (prénom d'emprunt) avoue aujourd'hui n'être plus vraiment sûr de vouloir tromper sa compagne. Il doute au point qu'il me demande ce que je pense, moi, de l'adultère. Peut-être pour se rassurer ? Ou au contraire, lui donner envie de fermer son compte et aller se blottir auprès de celle qu'il aime ? Je ne le saurai jamais, puisqu'un charmant utilisateur a signalé mon profil « dérangeant » auprès de Gleeden, qui a immédiatement fermé mon compte.

Impitoyable, Gleeden a retenu les leçons de ses utilisateurs qui quittaient le site par dizaines à cause de faux profils. Doit-on pour autant s'y sentir en sécurité et libre de trouver l'âme soeur au milieu de candidats bon chic bon genre? Pour cela, on y repassera.