François Hollande et « L'impossible réparation »

En 2013, à l'occasion de la journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions, François Hollande avait été sans équivoque. Lors d'un discours au Jardin du Luxembourg, il avait repris les mots du poète Aimé Césaire et rappelé "l'impossible réparation" des traites négrières et de l'esclavage. Une nouvelle fin de non-recevoir adressée aux différentes associations qui revendiquent des réparations matérielles, en métropole et dans les Antilles.

Après la Caisse des dépôts et consignations (CDC), assignée en justice par le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), c'est le gouvernement français qui se voyait accusé de crime contre l'humanité en avril dernier par le CRAN de Guadeloupe.

Parallèlement, des personnalités originaires d'outre-mer font entendre leur voix. C'est le cas de Joëlle Ursule, l'ex-chanteuse du groupe Zouk Machine, qui affirme avoir monté un collectif avec d'autres artistes pour entamer une action similaire.

Ernest-Antoine Seillière, dans le collimateur du CRAN

Mais si le CRAN s'attaque juridiquement aux institutions pour réclamer réparation, il accuse aussi certains particuliers d'avoir bénéficié des profits de la traite négrière. Samedi 9 mai, le président de l'association, Louis-Georges Tin a annoncé le dépôt d'une assignation pour crime contre l'humanité et recel de crime contre l'humanité auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris contre Antoine-Ernest Seillière de Laborde, ancien patron du Medef et du groupe Wendel.

Rappelant que la famille du Baron Seillière fut propriétaire de plusieurs plantations en Haïti au XVIIIème siècle, et de vaisseaux négriers, Louis Georges Tin précise que « Les descendants des esclavagistes ne sont pas coupables mais sont bénéficiaires ». Proposant que les réparations soient « multiformes » comme des lieux de culture ou des musées, le président du CRAN ne compte pas baisser les bras, malgré l'immobilisme du gouvernement français.

Cette initiative basée sur le principe qu'il ne peut y avoir de justice sans réparation pose la question de l'héritage de ses aïeux. Sommes-nous responsables des crimes commis par nos ancêtres ? Les générations futures auront-elles à répondre de nos actes ? Alors que la France a attendu plus de 150 ans après l'abolition de l'esclavage pour reconnaître officiellement son passé négrier, il est à prévoir que la bataille pour la réparation ne fait que commencer.