De nos jours, l’asexualité est généralement définie comme une absence totale de désir sexuel à l’ égard d’une autre personne, ainsi que comme un désintérêt complet pour la sexualité en général. D’après les informations que j’ai collectées, on estime la prévalence de l’asexualité à un peu moins d’1% de la population occidentale. Elle n’a pas que peu, ou rien à voir avec l’abstinence sexuelle choisie pour des motifs idéologiques ou religieux.

Longtemps perçue comme une "non-orientation" sexuelle, on commence tout doucement à considérer l’asexualité comme une réelle identité.

La littérature à ce sujet est hélas assez pauvre. Bien souvent, en ce début de troisième millénaire, l’asexuel est vu comme une espèce de moine sinistre, une vieille fille à chat ou un binoclard qui n’a pas levé les yeux de ses livres de physique quantique depuis le début de sa scolarité. Quel asexuel n’a pas eu droit à des remarques ou des commentaires tels que "Mais tu as le droit de t’amuser !", "Tu es bien trop jeune pour ne pas te taper une petite aventure une fois de temps en temps", ou pire encore "Arrête de rêver comme un idiot, éclate-toi au pieu d‘abord !" ?

Que cela se sache : les asexuels ne sont ni moroses, ni sinistres. Ce sont d’abord de grands romantiques, qui préfèrent nourrir de tendres pensées envers l’être aimé.

Et cela, que son amour soit perçu en retour… ou non. De plus, bien souvent, ils refusent catégoriquement de coucher avec une personne ne correspondant pas à leur idéal profond. Ce mode de pensée va évidemment à l’encontre des mœurs actuelles où le libertinage, l’adultère, l’échangisme et certains types de paraphilies sont de plus en plus tolérées par la société.

Ainsi, l’asexuel, bien trop idéaliste, bien trop atypique, passe aux yeux des autres pour un grand névrosé. Serait-ce la raison de la piètre estime qu’il a à l’égard de lui-même, et sa tendance à la dépression, bien plus fréquente qu’au sein du reste de la population ?

Bien que je ne sois ni psy, ni sociologue, je pense que ce spleen apparent fait partie de bon nombre d’entre eux et n’est pas dû à leur asexualité proprement dite.

C’est plutôt l’image que la société leur renvoie. Le rejet, conscient ou inconscient, de la part des autres, ces 99% qui vivent une sexualité plus active et moins rêvée, en est aussi partiellement responsable.

Contrairement aux idées reçues, un asexuel peut être joyeux, bon vivant, proactif, passionné, bien intégré dans le monde actuel, que ce soit professionnellement ou socialement. Cependant, vu les préjugés circulant bon train à leur égard, les asexuels préfèrent passer sous silence leurs valeurs et leur mode de vie.

En 1968, on nous a dit qu’il était interdit d’interdire… Alors, pourquoi interdire aux asexuels de ne pas avoir leur quota dit "normal de partenaires" et leurs trois orgasmes réglementaires par semaine ?

Pourquoi leur interdire la liberté d’aimer de façon totalement platonique et désintéressée ? Mais surtout, pourquoi les juger, les jauger, les rejeter… Pour ne pas dire… Les condamner ?

Le sexe, bête noire d'Instagram

Corey Maison, transgenre à 14 ans