C'est une triste affaire qui met une nouvelle fois en cause le système judiciaire Russe. Yoann Barbereau, ce Français de 38 ans, directeur de l'Alliance d'Irkoutsk en Sibérie depuis 2012, vient d'être lourdement condamné. Sa famille parle "d'accusations montées de toutes pièces" et de "procédure jalonnée de violences et de pressions".

La "méthode" Russe

Début 2015, ce représentant de l'État (chargé de développer la culture française en Russie) est arrêté un matin à son domicile, avec sa femme et sa fille de 5 ans. Au poste, les autorités lui expliquent qu'il est accusé "d'agressions sexuelles envers son enfant", et de "diffusion de vidéo pédopornographique sur internet".

Très vite, il découvre avec stupéfaction un extrait contenant des photos intimes de son couple, mêlées à des scènes où l'on voit un enfant abusé par un adulte. Pour le Français, le montage est tellement grossier qu'il en est presque risible. Mais les accusations sont bien réelles.

Dans une pièce voisine, sa femme et sa fille sont "interrogées", séparément. On imagine aisément ce qu'il peut ressortir d'un face à face entre les autorités Russes et une fille de 5 ans, seule et sans assistance. "Si tu réponds bien, ton papa sortira de prison". La petite va "avouer"...

Emprisonné, relâché et condamné

Y. Barbereau va ensuite passer plus de 70 jours en prison, avec un traitement adéquat. Nourriture à base de légumes pourris, conditions sordides avec 7 codétenus, intimidations...Terrorisées, sa femme et sa fille ont quitté le pays.

En France, des voix s'élèvent et un comité de soutien est créé à Nantes, ville où résidait Yoan. Le ministère des affaires étrangères (Jean-Marc Ayrault) est également sollicité. Il souhaite agir avec précaution, puisqu'une forte médiatisation pourrait froisser les Russes et aggraver la situation. La stratégie semble payer, puisque Y.

Barbereau est libéré au printemps 2015, la juge ayant confirmé la machination. Mais la joie est de courte durée. Le ministère de la justice Russe adresse un blâme à la magistrate et limoge le président du tribunal qui a rendu cette décision.

Le Français est alors assigné à résidence, isolé de tous. Ses avocats n'ont pas accès au dossier et leurs demandes sont systématiquement rejetées par les autorités du pays.

Yoann sera même interné l'été 2015. Heureusement, les médecins vont résister à la pression et ne diagnostiquer aucune déviance sexuelle chez l'accusé, encore moins pédophile.

Pourquoi ?

La justice s'acharne malgré tout et annonce un futur procès, dont l'issue ne fait aucun doute. Cette fois, le comité de soutien rompt le silence.

Yoann Barbereau comparaît au début de l'été 2015. Marqué et diminué physiquement par ces derniers mois, il n'en demeure pas moins combatif. Il dénonce activement "toute cette machination orchestrée contre lui". Mais pourquoi un tel acharnement ?

Plusieurs hypothèses sont plausibles. Depuis 2015 et la crise en Ukraine, les relations entre la France et la Russie se sont tendues, François Hollande ayant refusé de livrer à son homologue deux hélicoptères Mistral suite à ces évènements.

En tant que représentant de l'État Français, Yoann Barbereau était potentiellement en danger. Même s'il n'était pas engagé politiquement, il semblerait que ce dernier ne cachait pas sa sympathie pour l'ex-maire communiste d'Irkoutsk, opposant notoire de...Vladimir Poutine. De quoi "susciter l'intérêt" des autorités Russes...

En fuite depuis septembre

En septembre, on apprend que Yoann Barbereau a pris la fuite, persuadé "de ne pas pouvoir échapper à une peine aussi lourde qu'injuste", selon son père. Fin décembre, il est condamné à 15 ans de colonie pénitentiaire en Russie...

Sa famille et son comité de soutien (en France et en Russie) ont dénoncé un jugement "inique" et continuent de se faire entendre médiatiquement. Ils ont sollicité François Hollande.

Les avocats de Yoann Barbereau vont faire appel de la décision...