La page Facebook d'Alexandre Bissonnette, le compagnon de Mohamed Kadhir lors de la tuerie de la Grande Mosquée de Québec, laisse penser que le jeune homme, qui aurait quitté l'université Laval en 2013, est un garçon tout à fait ordinaire. Sa dernière publication montre un chien équipé d'un harnais pour transporter une pizza, aucune de ses photos ou contributions ne laisse envisager ni une conversion à l'islam radical, ni une proximité avec des groupes indépendantistes ou suprématistes blancs. Il semble s'intéresser davantage à la conquête spatiale ou aux parcs naturels canadiens qu'à autre chose.

Il semble festif, social, bon fils, et même candide. Un jeune homme pour le moins très ordinaire, faisant preuve d'un humour bon enfant… Hormis une photo le montrant adolescent en uniforme des cadets de l'armée canadienne (indice des plus ténus), rien n'indique qu'il ait été porté au moindre acte de violence. La page Facebook a été supprimée vers 17 heures (Paris), mais absolument rien, pour ce qu'il a été permis d'en voir, ne le liait à Mohamed Kadhir ou à un quelconque groupe autre que familial ou amical. La page Facebook d'un certain Mohamed Kadhir, dont on ne sait s'il s'agit de l'intéressé ou d'un homonyme (peut-être plus qu'incommodé par des amalgames), a été aussi supprimée.

Pas d'antécédents

La police, qui a arrêté les deux jeunes gens, se refuse à confirmer leurs identités (il faut pour cela qu'ils comparaissent devant un tribunal), d'éclaircir leurs motivations, mais elle indique que ni l'un, ni l'autre n'avaient d'antécédents judiciaires. Les deux seraient de nationalité canadienne, sans qu'on sache si Mohamed Kadhir l'avait acquise de par sa naissance ou par la suite.

Rien n'a pour le moment filtré sur la personnalité de ce dernier. L'opinion québécoise est partagée, une majorité déplorant l'attentat et exprimant sa solidarité, certains groupes indépendantistes activistes prenant leurs distances, et quelques groupuscules ou groupes musicaux identitaires se félicitant du résultat. Mais des voix s'élèvent, comme celle d'un auditeur de la station BLVD qui dénonce : ''la haine, que chaque jour des radios-poubelles de cette ville, contre les musulmans, il faut que cela s'arrête, il y a des vies humaines derrière cela".

Il s'agit vraisemblablement d'un musulman présent sur les lieux puisqu'il aurait entendu l'un des deux tueurs cagoulés dire "j'en ai assez tués'' avant de partir. Selon la police, aucune complicité ayant pu servir à préparer l'attentat (ou le commanditer) n'est pour le moment envisagée. Le fait qu'Alexandre Bissonnette ait été pris de remords, en tout cas selon ses dires, et se soit livré à la police laisse présager qu'il n'avait pas été entraîné, aguerri, formé, endurci par un groupe radical identitaire ou djihadiste. Alexandre Bissonnette semblait apprécier autant Donald Trump que les féministes de l'université Laval, ou encore le site chrétien Reasonable Faith. Ce site est certes pro-life, mais pour le reste, plutôt sur la ligne du Vatican et des principales églises nord-américaines.

Son animateur est un universitaire baptiste, un théologien ayant étudié à Birmingham et Munich, qui enseignait à l'université de Louvain, et depuis à celle de Talbot (Houston, Texas). Si Bissonnette avait accordé un ''J'aime" à la page de Marine Le Pen, il n'abordait pas la politique dans ses messages. Il appréciait aussi des sites israéliens, ou celui du Parti Québécois. Mais rien ne permet d'extrapoler ou de lui imputer des intentions terroristes. Les identités des deux hommes ont été confirmées par une greffière, ils devraient être présentés à la justice dans les heures qui suivent…