Depuis quelques jours, le mouvement social paralyse l'ensemble de la Guyane dans quasiment tous ses secteurs d'activité. C'est ce jeudi que les Manifestations ont atteint un point de non-retour. Un avion au départ de Paris a du faire demi-tour étant dans l'impossibilité d'atterrir en toute sécurité à l'aéroport de Cayenne. Les principales villes de la collectivité sont totalement bloquées par des barrages d'envergure : Cayenne, Saint-Laurent du Maroni, Iracoubo, Roura et Kourou... La vie quotidienne de leurs habitants en est donc grandement perturbée.

Les commerces, à l'exception des pharmacies, sont fermés, toute manifestation culturelle et sportive est suspendue jusqu'à nouvel ordre, les services municipaux sont à l'arrêt et - après la métropole en mai 2016 - la pénurie de carburants touche les automobilistes guyanais. « Compte tenu des mouvements sociaux en cours, et des difficultés engendrées pour accueillir les élèves et assurer les enseignements dans des conditions optimales de sécurité, les établissements (écoles, collèges, lycées) seront fermés aujourd'hui (jeudi) et jusqu'à nouvel ordre » a communiqué le recteur d'académie de Guyane. Ce qui a surtout été retenu de cette situation sur la scène internationale, c'est le report du lancement d'une Ariane 5.

La visite de Ségolène Royal, les 16 et 17 mars derniers, a également été perturbée par des manifestants qui ont pénétré dans l'enceinte de la Collectivité Territoriale de Guyane où se tenait la Conférence internationale pour la mise en valeur du milieu marin dans la région des Caraïbes. La ministre de l'écologie a alors écourté sa visite diplomatique pour rejoindre la métropole.

Ce que les guyanais revendiquent

C'est toute une région - riche en diversité - qui s'est soulevée contre les problèmes de société qui touchent la collectivité. Face aux questions d'insécurité, de santé, d'éducation, de logement ou d'économie, plusieurs groupes citoyens ont décidé de faire entendre leur voix. Les salariés d'Arianespace ou d'EDF ont cessé toute activité pour rejoindre le mouvement.

A l'origine, c'est le mouvement des « 500 frères contre la délinquance » - qui ont fait de la lutte contre l'insécurité leur priorité - qui dénonce le taux de criminalité record du département qu'ils attribuent à la forte immigration venant des pays voisins. Vêtus de noir et cagoulés, ils ont rassemblé dès mi-février plus de 600 personnes dans leur mouvement.

La situation reste crispée malgré la demande de la ministre des outre-mer Ericka Bareigts à lever les blocages. La tentative de discussion à la mairie de Kourou en présence de Rodolphe Alexandre, président de la collectivité, n'a fait qu'accentuer la colère des grévistes qui déplorent l'incompétence des autorités "qui ne connaissent pas les vrais problèmes du pays". La population espère toujours la signature du Pacte pour l'Avenir de la Guyane promis par François Hollande en 2013.