Un supermarché faisant rimer santé, éthique, écologie, et entièrement administré par ses clients, ça vous intéresse ?

Ce phénomène récent en France prend de l'ampleur. Un phénomène qui va de pair avec l'envie de changement exprimé par bon nombre de citoyens. Depuis environ deux ans, de nombreux supermarchés participatifs ont ouvert leurs portes ou sont en cours de création, de Paris à Toulouse, en passant par Lyon ou Saint-Etienne. A Dijon, capitale bourguignonne de 150000 habitants, le projet mobilise de plus en plus de personnes : ils sont désormais 300 à souhaiter ce nouvel espace de consommation.

Une inspiration venue d'outre-Atlantique

C'est en novembre 2016, après la projection du documentaire "Foodcoop" de Thomas Boothe et Maellanne Bonnicel, au cinéma d'art et essai l'Eldorado que tout a commencé. Les spectateurs assistent avec ravissement au fonctionnement de ce premier supermarché coopératif ouvert en 1973. Le magasin newyorkais est la parfaite illustration d'une réussite citoyenne : écologique, éthique, il paye ses fournisseurs de façon correcte, tout en proposant des prix très abordables aux consommateurs grâce à leur participation bénévole. Aujourd'hui, 16 000 membres en profitent quotidiennement.

A la fin de la projection, le directeur du cinéma dijonnais propose aux intéressés de laisser leurs numéros.

L'idée est lancée. Depuis novembre, le nombre de personnes intéressées est croissant : ils sont désormais 300, avec des profils très variés. « Il y a beaucoup de jeunes, ils sont sensibles au respect de la nature, à la qualité de l'alimentation et en ont marre d'aller dans les supermarchés où on les vole », affirme Laurette Cousinard, une membre active.

Un modèle alternatif face à la précarité et aux scandales

Un engouement, qui pour cette retraitée, exprime un ras le bol général : « C'est une belle expérience citoyenne, on en a tous marre du travail précaire et des scandales ! Ce projet réunit tous les citoyens de différents milieux qui prennent en main leur destinée.»

«Nous souhaitons proposer des produits de qualité à des prix de 30 à 40 % moins chers que dans une grande surface, tout en respectant les producteurs », renchérit Michel son mari.

Ici, pas de hiérarchie, chacun peut s'exprimer lors d'assemblées plénières mensuelles. Il s'agit d'un système de gouvernance collégiale ouvert à tous. Tout est encore en discussion que ce soit le nom ou l'origine des produits. Comme dans les autres commerces collaboratifs, chaque consommateur devra y travailler trois heures par mois bénévolement.

« Ce sont les salariés qui coûtent chers », explique Michel. Pour lui, il s'agit également d'un moyen efficace de retisser du lien social, et de lutter contre l'isolement et la solitude. A terme, la structure proposera aussi, espère le couple, des conférences et des cours d'éducation populaire. « Ce qui fait notre force, ce sont les gens. On va faire attention à ne pas les décevoir.

» La prochaine assemblée aura lieu le 6 avril à 18h30 à La Minoterie.

La structure ouvrira ses portes d'ici un ou deux ans. En attendant, ses membres peuvent s'inspirer du magasin La Louve à Paris. Le supermarché parisien est ouvert, mais en phase de test depuis novembre 2016. Il ouvrira de façon officielle ces prochains mois. Ils peuvent aussi prendre exemple sur le supermarché coopératif de Saint-Etienne depuis le 9 mars, « un espace de consommation collaborative associant les habitants, les commerçants et producteurs locaux ».