Si l'affaire de Théo avait déjà porté un coup dur à l'image de la Police française, la mort de Shaoyo Liu a cette fois entériné la méfiance des français vis-à-vis des forces de l'ordre. Effectivement, ce ressortissant chinois de 56 ans a été abattu à son domicile dans la nuit de dimanche soir. Le plus inquiétant dans l'affaire est que les versions divergent entre la famille de la victime et le compte rendu de police. Dans la nuit de dimanche 26 mars, des cris, provenant du domicile de Shaoyo Liu, auraient été entendu par le voisinage qui aurait dès lors fait intervenir la BAC.

Sur place, les deux policiers mobilisés auraient, d'abord, enfoncé la porte du domicile et selon leur audition par l'IGPN, l'homme de 56 ans se serait, alors, jeté sur l'un d'eux en le frappant au thorax à l'aide d'une paire de ciseaux. Le second policier aurait, par conséquent, ouvert le feu. Oui mais voilà, la famille de Shaoyo Liu a soutenu, lors de son audition mardi 28 mars, qu'il s'agît en réalité d'une bavure policière. M. Liu ne se serait pas montré violent à l'égard des forces de l'ordre et le coup de feu serait parti juste après l'ouverture "brutale" de la porte d'entrée.

Les autorités chinoises se sont saisies de l'affaire en exigeant que la lumière soit faite sur ce drame. M. Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a rappelé que les autorités françaises se devaient de protéger et d'assurer " les droits et les intérêts légitimes des citoyens chinois" sur leur territoire.

Une affaire qui fait grincer des dents toute la Chine. Les concitoyens de M. Liu n'ont pas hésité à manifester leur mécontentement et plusieurs médias chinois n'ont pas manqué de vivement critiquer l'action de la police française.

La montée de la violence du côté de la police française est-elle véritablement avérée ?

Plusieurs affaires avaient déjà révélé un manque de discernement quant à l'usage des armes par les forces de l'ordre.

La bavure d'Échirolles (banlieue grenobloise) avait déjà démontré en octobre dernier, la nécessité de trouver un juste équilibre entre l'usage des armes par la police et sa protection face à la montée de la criminalité.

Mais la violence est-elle le meilleur moyen d'y répondre ? Un rapport de l'ACAT, rendu le 15 mars 2017, soulignait que nos polices ont de plus en plus la "gâchette facile"...

Effectivement, la simple utilisation des armes intermédiaires (flashball, LBD40, grenades de désencerlement) a causé un mort et 43 blessés graves (énucléation, perte de la vue) au cours de l'année 2016. Un bilan qui risque de s'alourdir lorsque l'on sait que deux lois ont été prises successivement en juin 2016 et février 2017 afin d'élargir les possibilités, pour les gendarmes et policiers, d'ouvrir le feu.

Qu'en est-il des autres polices en Europe ?

Il apparait que certaines polices européennes ne soient pas aussi tendancieuses qu'en France. La police norvégienne peut se féliciter de n'avoir abattu qu'une personne en 12 ans, et d'ouvrir le feu, uniquement, trois fois par an. Bien que le taux de criminalité dans les pays scandinaves soit plus faible qu'en France, il n'en demeure pas moins, que même lors de grave débordement les polices du nord de l'Europe n'ont pas pour habitude de dépasser leurs prérogatives. Pour exemple, il n'a été porté qu'un seul coup de feu à Anders Breivik, responsable du carnage d'Utoya, lors de l'intervention de police sur les lieux.