Dès les lendemains des révélations sur le Penelopegate par Le Canard enchaîné, fin janvier dernier, une, puis des pages #StopCorruption étaient créées sur Facebook. Un appel à une première manifestation, à Paris, place de la République, le 19 février, était bientôt relayée par d'autres pages, propres à ce qui allait devenir le Mouvement Stop Corruption national, de groupes des principales agglomérations, puis des villes moyennes françaises. La page principale compte désormais plus de 7 500 membres, et pour les autres pages, avouons-le, on s'y perd un peu… Le 25 février, des rassemblements ou des marches étaient organisées à Paris, Clermont-Ferrand, Strasbourg, Bordeaux, pour ne mentionner que les principaux.

Même chose en mars, mais aussi à Angers, Marseille, et même Bruxelles. Il en fut de même les 2 et 12, 16 avril (Paris – avec une marche de cinq jours depuis Orléans – et Toulouse notamment pour dimanche dernier). Par ailleurs, un peu dans le désordre, diverses pétitions en ligne ont été lancées. Un site Wordpress fédère tant bien que pas trop mal les collectifs (Grenoble, Lyon, Île de la Réunion, &c.).

Prochaine date phare : 30 avril

Le mouvement national s'est plus ou moins trouvé une animatrice de choc en la personne de Valérie Broudic, la plus active de toutes et tous sur Facebook. Elle a fait traduire un appel en diverses langues, organise des séances de collage d'affichettes (dont celle pour la "manifestation historique Stop Corruption, Stop Privilèges du dimanche 30 avril, à 15 heures, à partir de la place de la Nation, mais il en sera d'autres).

Le mouvement s'apparente à celui de Nuit debout (qui le soutient) mais se veut résolument apolitique, admettant des adhérents ou sympathisants d'organisations diverses ou de partis et syndicats, mais qui, à l'exception de l'association Anticor et d'autres, ne peuvent se revendiquer de leur appartenance lorsqu'ils s'expriment.

Donc, évidemment, aucun appel à voter pour un quelconque candidat, fusse-t-il Jean Lassalle, même si, à l'occasion, un comparatif des mesures (inégibilité, cumul des mandats, reconnaissance du vote blanc, révocation des élus, &c.) préconisées par les divers concurrents est publié (avantage : Nicolas Dupont-Aignan, Benoît Hamon ou Jean-Luc Mélenchon, les plus "petits" candidats ne figurant pas, mais la réponse de Philippe Poutou est publiée séparément).

Les maires (dont Gérard Rock, d'Aschères), signant la lettre de soutien pour le mouvement sont mentionnés. Le groupe angevin appelle à voter le 23 (sans consigne) puis à participer à un "goûter citoyen". Autre thème évoqué fréquemment : la corruption et l'évasion fiscales. Sans trop se mouiller, des candidats indépendants aux législatives (Gaspard Delanoë) ou écologistes (Julien Bayou), participent à l'occasion, anonymement, aux rassemblements. Les médias (hormis de petites stations locales de radio) se font assez timidement, et très épisodiquement, l'écho des rassemblements. Rien à voir avec la couverture dont a pu bénéficier Nuit Debout. Cela tient à une actualité chargée et sans doute au fait qu'aucune personnalité de premier plan (si ce n'est Alexandre Jardin, par exemple, de rares autres, comme l'auteur Philippe Pascot) ne tient le rôle de tête d'affiche.

Pas non plus de Femen à montrer et jusqu'ici, pas de casseurs, donc… peu d'images très percutantes. Mais si ce mouvement se met à scruter toutes les casseroles de tous les candidats aux législatives, et donc essaime encore davantage nationalement, on risque d'en entendre mieux parler et pour longtemps. Le Penelopegate fut le germe de ce que de nombreux scandales n'avaient pas suscité (même si Anticor ou Transparency Intl., initiatives antérieures, ne sont pas négligeables). François Fillon, d'autres, et leurs successeurs ou affidés, si ce mouvement débouche sur un référendum d'initiative populaire, risquent de s'en souvenir durablement.