A l'heure où bon nombre de lycéens vont passer leur baccalauréat, l'Inserm, Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, a mené une étude pour tenter d'évaluer les effets d'une consommation précoce de cannabis sur le parcours scolaire des jeunes consommateurs. Ainsi, aux risques déjà nombreux (cancer des poumons, problèmes respiratoires et cardiaques, accident de la route, marginalisation sociale...) s'ajouterait l'échec scolaire.

L'étude

Les consommateurs précoces de cannabis auraient davantage de chance d'arrêter leurs études après le baccalauréat.

C'est ce que démontre l'étude de l'Inserm, publiée dans l'International Journal of Epidemiology. Rassemblant un panel de 1 103 personnes âgées de 25 à 35 ans, l'étude prend en compte différents facteurs, comme l'environnement familial, le milieu social, le parcours social, le genre, ou encore l'âge. On note qu'un fumeur est considéré comme précoce quand il a commencé à consommer avant ses 17 ans.

Une corrélation entre consommation précoce et études

Selon cette étude, la probabilité pour un jeune de connaître un échec scolaire serait multipliée par 1,6 en cas de consommation précoce. Comparés aux non-consommateurs, ces jeunes ne dépasseraient pas le niveau du baccalauréat : de ce fait, 77% d'entre eux ne vont pas à l'université.

Ce chiffre descend à 64% si on prend en compte le milieu social dans lequel le jeune a évolué, le risque s'affaiblissant en prenant compte de l'influence des facteurs sociaux. Autrement dit, si un jeune consomme de la drogue tout en appartenant à un milieu favorisé, la probabilité qu'il cesse ses études après l'obtention du baccalauréat diminue de 13 points, l'environnement social et familial aidant.

La directrice de l'Inserm, Maria Melchior, observe que "la consommation précoce de cannabis peut induire des difficultés scolaires, se traduisant à terme par un niveau d'études inférieur à celui des non-consommateurs" . Cela s'expliquerait notamment par une baisse de motivation, ou encore des problèmes de concentration et de mémorisation.

D'autre part, plus on commence tôt, plus le risque augmente. Or, on considère qu'en France, ce phénomène devient toujours plus précoce. Aussi l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) situe l'âge de la première bouffée entre 11 et 15 ans. Concrètement, un lycéen sur deux aurait déjà expérimenté le cannabis. Au collège, ce serait un adolescent sur dix. Ce chiffre monte même à 1 sur 5 en 3ème. D'où une prévention toujours plus engagée.

Un phénomène plus accentué chez les jeunes femmes

Si l'étude affirme que plus l'adolescent commence à fumer tôt, plus vite ce dernier risque d'arrêter ses études tôt. Il apparaît que ce constat est encore plus accentué chez les jeunes femmes. Parmi celles interrogées, la majorité avoue avoir déjà touché à la drogue.

39% à partir de 17 ans, et 22% avant 16. Elles consommeraient moins que les jeunes hommes, mais seraient plus sensibles aux effets, souffrant de l'image renvoyée par la société par cette habitude.

Le cerveau, un organe sensible

De fait, le cerveau des adolescents est particulièrement sensible aux effets provoqués par le cannabis. L'organe est encore en développement à cet âge, d'où des modifications bien souvent irréversibles sur la structure du cerveau. En sont pour preuve les lésions situées dans les régions du cerveau qui influenceraient la réussite scolaire, la concentration et la mémoire. Par ailleurs, force est de constater que les personnes ayant débuté leur consommation après 17 ans ont un niveau d'études équivalent à celui des non-fumeurs.

Ces deux catégories s'en sortent globalement mieux dans leur études que les consommateurs précoces. On part donc du principe que, passé cet âge, le cerveau a achevé son développement, et est dès lors moins sensibles aux effets du cannabis.

Des zones d'ombre

En effet, sur les 1 103 personnes interrogées, seulement 230 ont reconnu avoir commencé tôt. On ne peut donc pas réellement évaluer le degré de véracité de cette étude. De plus, la dose consommée n'est pas prise en compte. Or, une étude exécutée par Hyppocampus en 2015 révèle qu'une consommation régulière causerait des problèmes de concentration, et aurait des conséquences néfastes sur la mémoire, qui serait moins efficace. Il ne fait dès lors aucun doute quant au fait qu'une faible consommation n'a qu'un impact moindre sur la réussite scolaire d'un jeune.

La fréquence est donc un élément important, quelque peu mis de côté ici.

Ainsi, cette étude tente de démontrer les nuisances que peuvent avoir une consommation de cannabis précoce sur le futur scolaire et professionnel des jeunes fumeurs, illustrant le débat qu'incite la question de la légalisation du cannabis.