Altice (la maison mère de sfr) vient de connaître un nouveau virage stratégique. Vendredi 3 novembre 2011 au soir, l'action Altice plongeait en bourse d'Amsterdam en perdant 23%, soit un tiers de sa valeur. Un troisième trimestre encore décevant pour le groupe plombé par sa filiale française. Une réorganisation de la présidence se met en place dans l'urgence depuis hier.

Vers une nouvelle organisation

Altice s'était promis de relancer SFR, mais trois ans après le groupe de Patrick Drahi perd 5 milliards d'euros de capitalisation. Comme les activités de l'opérateur tricolore représentent la moitié des revenus du groupe Altice, cette chute pèse énormément sur les résultats.

Suite à cet effondrement spéctaculaire, Michel Combes a annoncé jeudi soir quitter le siège de directeur général d'Altice, qui vise alors une totale réorganisation au sommet de la pyramide.

Patrick Drahi, le premier actionnaire du groupe, qui est toujours resté en retrait de toutes fonctions, a décidé de prendre les choses en mains. Le milliardaire va reprendre la présidence du conseil d'administration d'Altice et "établira les priorités stratégiques, opérationnelles, commerciales et technologiques du groupe, en particulier en France où se concentrant les difficultés". Son bras droit Dexter Goei, déjà directeur général d'Altice USA, devient alors numéro deux du groupe en tant que directeur général exécutif.

De leurs côtés, Alain Weill, qui coordonnait les actions de SFR Medias (BFMTV, Libération, L'Express, etc.), devient président de l'intégralité des activités médias, et Armando Pereira, l'associé depuis toujours de Patrick Drahi, pilotera toutes les activités télécoms. "Cette structure représente un retour à l'organisation d'origine qui avait permis le succès du groupe Altice", souligne le groupe Altice dans un communiqué de presse.

Les erreurs de Michel Combes

Arrivé la tête de SFR à partir du 1er septembre 2015 en remplacement de Patrick Drahi, Michel Combes a également occupé le poste de directeur des opérations chez Altice.

Ce dernier a tenté de mettre en place une stratégie appuyée par Drahi qui n'a pas fonctionné. Les recrutements ne décollent pas, pire encore, le groupe constate une fuite de ses abonnés en France en dépit de lourds investissements dans le déploiement du très haut débit et les contenus. Depuis, le numéro 2 du mobile en France, et numéro 3 du fixe, a perdu plus de 1,6 million de clients mobile et plus de 500 000 abonnés au téléphone fixe.

Mais selon d'autres sources, Michel Combes aurait souffert de sa difficulté à trouver sa place dans l'organisation du groupe. En fait, il ne fait pas parti du clan de Patrick Drahi et de ses compagnons d'aventure de longue date. Un réel problème dans un groupe qui fonctionne dans une logique de "famille".

Drahi tente de rassurer les marchés

Cette manoeuvre de réorganisation en urgence a pour but évident de rassurer les marchés financiers en mettant en avant les hommes qui ont su attirer leur confiance jadis. Leur tôle sera de rapidement faire repartir la machine grippée de SFR. Pourtant Altice a multiplié les acquisitions ces dernières années, notamment SFR, Suddenlik, Portugal Telecom et Cablevision (Etats-Unis). De plus, il se murmure que le groupe projetterait de fibrer la France sans argent public et de continuer sa stratégie d'investissement tous azimuts dans les contenus, en particulier dans le football.

Après cette annonce Altice va-t-il rebondir en Bourse ? Les inquiétudes des investisseurs seront-elles apaisées par le retour au premier plan de Patrick Drahi ? Nous le saurons dans quelques semaines, voire dans quelques mois, après les premiers résultats des indicateurs.