De Paris à Rabat, en passant par tous les endroits du globe où les fervents supporteurs marocains se trouvent, l’effervescence était palpable. Non l’équipe nationale n’a pas remporté la CAN. Du moins, pas encore serait-on tenté de leur souhaiter. Mais ne boudons pas notre plaisir. Le bonheur procuré par le but d’Alioui, l’attaquant des crocodiles Nîmois, est sans commune mesure comparé aux douze, laborieuses, dernières années de la sélection Marocaine. Cette victoire, c’est aussi celle de Renard. Force est de constater que cet homme sait y faire en Afrique.

Une équipe disciplinée, ce qui a toujours manquée à nos Lions de l’Atlas, une tactique souple et cohérente, des joueurs exploités à leur maximum, le cocktail fonctionne à plein. Après une défaite inaugurale imméritée contre la RDC, les joueurs du sorcier blanc ont redressé la barre face au Togo.

Plus que le talent, on sent un esprit de groupe incroyable qui se dégage de cette équipe. Le banc suit à l’unisson, la sélection avant le joueur, le drapeau avant l’Homme. Il est facile d’imaginer ce soir la réaction de Belhanda ou Boufal, sautant de joie au moment du chef d’œuvre de Rachid Alioui. Un but magique, libérateur et tellement beau. Il rend au Maroc ces lettres de noblesse, l’époque où le surnom des Lions était « les Brésiliens de l’Afrique ».

Cette réalisation est sans doute un signe du tout puissant. Il rend la fierté à des millions de Marocains ou ressortissants. Il permet de croire en son équipe, en son peuple et en son talent. Tous, nous sommes bénéficiaires des retombées d’un tel succès. Tant nous avons été sevrés de succès, de nombreuses années durant.

CAN 2017, Maroc - Côte d'Ivoire : Un match maîtrisé de bout en bout

Après un début poussif des deux côtés, les Ivoiriens prennent l’ascendant dans le jeu et semble mieux armés pour ouvrir le score. Mais, mis à part un beau décalage de Kalou pour Zaha, Munir, le gardien de Numancia, n’a pas eu à s’employer. Le système mis en jeu par Hervé Renard ne laissait que très peu d’espaces à exploiter pour les coéquipiers d’un Serge Aurier, peu inspiré ce soir.

Un milieu rouge et vert très inspiré et infatigable. El-Ahmadi et Boussoufa faisant le sale boulot. Devant eux, l’ancien Caennais Fajr a joué juste et touché la barre transversale sur une merveille de coup franc aux vingt mètres (25e), mais aussi pesé par sa qualité de passes et ses déplacements. La blessure survenue juste avant la mi-temps de Bouhaddouz, laissait craindre le pire. Mais elle a engendré la rentrée du héros du jour. Rachid Alioui a en effet conclu, de façon magistrale, un contre éclair des Marocains. Après avoir fixé son vis-à-vis aux 25 mètres, il décoche un délice de frappe enroulée du droit, qui se loge dans la lucarne opposée du gardien adverse. (1-0, 65e).

Qu’importe l’essentiel est là, le Maroc est qualifié.

Pour la deuxième fois en 12 ans, il faut savoir en profiter. La fin de match sera plutôt tranquille, les lions étant les plus dangereux sur contre. Comme sur ce ballon en or d’En Nesyri pour Mendyl dont la frappe va fuir le cadre. On se réjouit d’un futur affrontement avec le Ghana (le plus probable). Ce sera dur quel que soit le futur adversaire. Gagner la compétition malgré tous ces absents relèverait du miracle, voire de la sorcellerie. La victoire appelle la victoire et comme on dit, l’appétit vient en mangeant. Pour ce qui est des joueurs, on peut tous les féliciter. Mais que dire du match énorme d’un Nabil Dirar (Monaco), du dévouement en deuxième mi-temps d’un En-Nesyri (Malaga) ou encore de la charnière centrale Benatia – Da Costa, impérial dans les airs.

L’entrant Alioui a mis le but qu’il fallait, au moment le plus opportun, tuant presque tout suspense à l’heure de jeu. La Côte d’Ivoire est éliminée, le tenant du titre rentre à la maison. Et c’est le Maroc qui est responsable. On pourrait croire à un scénario de science-fiction. Mais non. C’est bien la réalité et on va la savourer, au moins d'ici dimanche prochain.