François Baucher, le grand Maître à penser de l'équitation, savait trouver le mot juste pour imager une situation. L'éperon, cet accessoire venant s'gripper aux talons des cavaliers, est né plusieurs siècles avant notre ère et il est dit que les grecs en utilisaient un seul, fixé directement à leur cheville. Aujourd'hui son utilisation est réglementée en compétition. Dans les clubs hippiques dignes de ce nom il n'est autorisé qu'à partir du galop 5. Ce qui en dit long sur le sérieux de cet accessoire. L'éperon n'est pas un moyen coercitif, mais un outil de précision.

Selon les disciplines, il permet de solliciter les hanches du #Cheval en dressage. En saut d'obstacles et en cross il favorise l'impulsion et permet une meilleure précision de l'incurvation du cheval dans les courbes. Autant dire que chausser des éperons pour la petite ballade dominicale en sous-bois n'est pas forcément d'une utilité manifeste. Le cavalier soucieux de ses performances aura plutôt le soin de travailler ses effets de jambes et l'incitation à l'engagement de sa monture plutôt que de faire appel à des aides dont il ne maîtrise pas forcément l'impact direct sur son cheval. Nous avons évoqué précédemment le soucis des clubs à n'autoriser les éperons qu'à partir d'un certain niveau d'équitation et cette mesure en dit long sur les dégâts que peuvent produire les tiges des éperons lorsque l'utilisation de ces derniers n'est pas maîtrisée.

Une monte approximative entraîne des mouvements de jambes qui risquent de mettre en contact de façon intempestive cet outil avec la monture et provoquer des lésions. En compétition les juges constatent l'état des flancs du cheval et si ces derniers révèlent quelques brutalités dans l'emploi des éperons, des points de pénalité sont appliqués.

Quel éperon pour ma botte ?

Il existe de par le monde une multitude de modèles. Tous sont choisis en fonction du mode d'équitation, la discipline pratiquée, le tempérament du cheval et le niveau du cavalier. En tout état de cause il est impératif, me semble-t-il, de d'abord parfaitement connaître sa monture et sa propre manière de monter pour décider du port ou non d'une paire d'éperons.

Tout comme la cravache, dont nous aborderons très prochainement le rôle, ces aides artificielles ne doivent pas remplacer l'indispensable proximité du cavalier avec sa monture. Avant de décider de se munir d'outils il est plus judicieux de vérifier nos réelles compétences et de se remettre en question concernant notre propre propension à obtenir de notre cheval le résultat escompter. Rien ne remplacera jamais les aides naturelles dont le cavalier dispose pour engager sa monture. L'éperon doit resté l'accessoire du perfectionnement du geste, non pas compenser les lacunes du cavalier. Quant à ceux qui l'utilisent pour frimer dans la société, là c'est un problème existentiel qui touche d'avantage à la psychologie, voir la psychiatrie. L'équitation guérit de tout, ou presque...