Ayant perdu de sa superbe, la formation française est en l’espace de six ans seulement devenue une nation ordinaire de son sport qui ne fait plus peur à grand monde. Comment en est-on arrivé là ? Longtemps, le jeu du XV de France était fait de rêve, de surprises et de magie au grand bonheur du public tricolore avide d'émotions et de sensations fortes. On appelait ça le French Flair. Ce jeu fait d’ingéniosité, d’inspiration et d’imprévu sublimé par des lignes de trois-quarts intenables. C’était le savoir-faire créatif à la française. Ce temps est désormais révolu.

Certes, le XV de France est encore capable de certains éclairs de génie, mais il manque toujours ce zeste d'attention, de réussite et de talent pour transformer les défaites encourageantes en victoires satisfaisantes. Aujourd’hui, le constat est lourd. Le XV de France est devenue une nation ordinaire du rugby. Au soir de la troisième journée du Tournoi des 6 Nations 2017, la France pointait à la huitième position du classement World Rugby. Un classement logique tant le bilan du XV de France est inquiétant face aux nations qui le précèdent, à savoir la Nouvelle-Zélande, l'Angleterre, l'Australie, l'Irlande, le pays de Galles et l'Afrique du Sud. « On ne progresse pas », a reconnu Guy Novès, dépité suite à la défaite face à l’Irlande (19-9).

Depuis 2012, les résultats des Bleus n'ont jamais été aussi mauvais dans le Tournoi des VI Nations. Non seulement parce qu’ils connaissent leur période de disette la plus longue depuis 1954 (7 ans sans victoire). Mais surtout parce qu'ils obtiennent dans le même temps leurs pires classements depuis la seconde Guerre Mondiale (4ème en 2012, dernière en 2013 pour la première fois de son histoire, 4ème en 2014 et en 2015, 5ème en 2016).

5ème actuellement, ils ne feront sans doute pas mieux que 4ème en 2017. Sur ses 33 derniers matchs face aux grandes nations du rugby mondial, la France compte 24 défaites, 2 nuls pour seulement 7 victoires. Bien triste bilan pour un retard qui se veut conséquent face à ses équipes là. En chute libre, les Bleus voient même revenir dans leur dos d’autres nations montantes du Rugby (Fidji, Japon, Géorgie) !

Huitième nation mondiale après cette déroute à l’Aviva Stadium, il ne manquerait plus que les Bleus trébuchent à Rome le 11 mars prochain pour chuter à la neuvième place au Ranking World Rugby, synonyme de troisième chapeau lors du tirage au sort des poules de la Coupe du monde 2019 au Japon. L’idée de s'y retrouver, dans la même poule que la Nouvelle-Zélande et le Pays de Galles par exemple, peut d’ores et déjà nous effrayer.

XV de France : Les contrats fédéraux comme solution ?

La défaite en Irlande samedi (19-9) a amené le président de la FFR Bernard Laporte à annoncer son souhait de faire signer 40 contrats fédéraux aux internationaux tricolores. Une méthode déjà adoptée par la majorité des grandes Nations (Nouvelle Zélande, Irlande, Pays de Galles, etc).Pour beaucoup, la durée où les joueurs sont à la disposition du staff technique est jugée trop courte.

L’idée de l’ancien sélectionneur des Bleus serait de placer 40 internationaux sous contrat fédéral, c'est à dire sous l'autorité de la fédération pendant six mois de l'année. Le reste du temps les joueurs concernés seraient pris en charge par leur club. Cela leur donnera plus de temps de préparation et les aidera à récupérer avec moins de temps de jeu en club. Cette décision figurait parmi ses 40 mesures de campagne qui lui avaient permis de prendre la tête de la FFR, le 3 décembre dernier. Bernard Laporte a également indiqué que les internationaux voulaient aller dans ce sens pour l'avenir et le bien du XV de France. Selon lui, la mise en place de contrat fédéraux pour les internationaux, sur le modèle de ce que pratique la fédération irlandaise permettrait d'améliorer la compétitivité du XV de France dont les difficultés sont notamment imputées à son championnat, jugé trop long et intensif au détriment des Bleus.