Pour comprendre l’ampleur du phénomène, à une moindre échelle, il faudrait s’imaginer Eric Cantona, 50 ans jusqu’en mai, marquer un but en Premier League avec le maillot de Manchester United. Le footballeur tricolore, qui a pris sa retraite en 1997, ne peut plus suivre la cadence dans le championnat le plus regardé du monde, mais ce n’est pas le cas de Kazuyoshi Miura, qui fait encore lever les foules au Japon, en deuxième division. Mieux, il vient de passionner tout le globe, en décrochant deux records inédits en quelques semaines. Déjà, celui de plus vieux footballeur à disputer une rencontre officielle, à 50 ans et 7 jours.

A l’époque déjà, il attire l’œil des médias occidentaux, puisqu’il détrône le record de Sir Stanley Matthews, l’Anglais, premier ballon d’Or de l’histoire, qui avait disputé sa dernière partie en 1965 à l’âge de 50 ans et 5 jours.

Kazuyoshi Miura aurait inspiré la série Olive et Tom

Une semaine plus tard, il frappe un coup qui fait plus de bruit encore, en inscrivant le seul et unique but du match entre son équipe, le Yokohama FC et Thespa Kusatsu (1-0), en deuxième division japonaise. L’apothéose pour ce joueur qui vit du Football depuis 32 ans. Son parcours était jusqu’ici confidentiel, et pourtant il détone. Formé au pays du soleil Levant, Kazuyoshi Miura débute son aventure professionnelle au Brésil, à Santos, en 1986.

Après avoir porté 5 tuniques différentes sur les terres du roi Pelé, il retourne au Japon, où il est élu footballeur asiatique de l’année en 1993, avec le Tokyo Verdy. Une distinction qui lui vaut d’atterrir en Europe, au Genoa, en 1994, où il n'évoluera qu’une saison, puis de porter les couleurs du Dynamo Zagreb, en 1999. Il devient le premier footballeur à découvrir 4 continents différents en partant en Australien, à Sydney, lors de la saison 2004-2005.

Malgré ce CV de globe-trotteur, celui qui, dit-on, aurait inspiré le personnage d’Olivier Atton, le protagoniste principal, dans la série Olive et Tom, est une véritable star dans son pays.

Néanmoins, «King Kazu»- son surnom -n’a jamais disputé la coupe du monde avec l’équipe nationale du Japon, en dépit de ses 89 sélections (pour 55 buts, 2e meilleur total de l’histoire des Blue Samurais).

Ce qui ne lui fait pas perdre le sourire, et le rythme, lui dont la «Kazu Dance» (voir ci-dessous) est devenue la marque de fabrique.

Il fascine aussi de nombreux analystes du sport, et tord (un peu) le cou à l’idée qui veut qu’en foot, on ne se bonifie pas en vieillissant. Dans une interview accordée à Number magazine il y a peu, celui-ci déclarait d’ailleurs : «Mon corps a peut-être ralenti, mais les choses auxquelles je pense et que j’ai envie de faire n’ont pas du tout changées depuis mes jeunes années». Lors de sa prolongation de contrat en début d’année, il a également promis : «Je compte continuer à me battre». Et ainsi à faire les gros titres du monde entier.