1985. C'est très long... trop long. Il s'agit de la dernière année où un coureur français a triomphé sur le Tour de France. Il y a 32 ans, Bernard Hinault remportait sa cinquième Grande Boucle devant Greg LeMond et Stephen Roche, faisant du « Blaireau » l'égal de Jacques Anquetil et Eddy Merckx. Depuis, beaucoup se sont approchés d'un succès final à Paris : Bernard Hinault lui-même en 1986 (2ème), Jean-François Bernard en 1987 (3ème), Laurent Fignon lors d'une inoubliable édition 1989 (2ème), Richard Virenque en 1996 et 1997 (3ème et 2ème), Jean-Christophe Péraud et Thibaut Pinot en 2014 (2ème et 3ème), et enfin Romain Bardet, l'année passée, en 2016 (2ème).

C'est d'ailleurs le coureur tricolore de la formation AG2R-La Mondiale qui représente, cette année encore, la meilleur chance française de briller au classement général. Après la deuxième journée de repos, et alors qu'il ne reste que six étapes à disputer dans cette édition 2017, Romain Bardet pointe à la troisième place du classement, à seulement 23 secondes du maillot jaune porté par Christophe Froome. Cela fait ainsi de nombreuses années qu'un coureur français n'a jamais été aussi proche d'un maillot jaune à si peu d'étapes de la fin de la Grande Boucle. De là à rêver de voir Romain Bardet en jaune, dimanche, sur les Champs-Élysées ?

Rarement un Français aussi proche de gagner le Tour de France depuis 1989

On peut l'affirmer sans détour : si le classement général reste inchangé lorsque le peloton abordera le contre-la-montre prévu samedi à Marseille, Romain Bardet sera dans l'incapacité de remporter le Tour de France. Le Français pourrait même alors tomber du podium.

S'il veut gagner la Grande Boucle, le natif de Brioude devra au moins posséder deux minutes d'avance sur Christopher Froome à l'heure d'aborder cet ultime chrono. A l'image d'un Laurent Fignon en 1989, il devra alors défendre son avantage face à un spécialiste de l'effort solitaire. S'il veut se donner une chance de gagner le Tour, Romain Bardet doit donc reprendre au moins deux minutes et trente secondes sur le leader de la Sky lors des étapes alpestres, qui se présenteront sous les roues du peloton dès mercredi.

« Je me concentre vraiment sur les étapes alpestres, je vais les courir comme deux classiques. Il n'y a pas de calcul à faire », a ainsi confié le leader de la formation AG2R-La Mondiale lors de la journée de repos. Des propos qui laissent entendre que le Français ne veut qu'une chose : le jaune, lui qui a déjà terminé deuxième du Tour de France l'année passée.

Le Tour de France se gagne en attaquant

Romain Bardet n'arrivera cependant pas à faire chuter Christopher Froome à lui tout seul. Le Français aura besoin de soutien, et pas seulement de ses équipiers, pas assez forts pour déstabiliser la Sky, comme on a pu s'en rendre compte dimanche. Non, dans sa quête de jaune, le Français a besoin de Fabio Aru et Rigoberto Uran, voire de Daniel Martin.

Bardet pourra peut-être compter sur les tempéraments offensifs de l'Italien et de l'Irlandais, aptes à faire bouger une course cadenassée. Quant au Colombien, il pourrait se contenter de suivre, lui qui est plus à l'aise que tous ses petits camarades (Froome mis à part) dans l'exercice chronométré. Mercredi, on verra dans le redoutable si le Galibier et sa descente si Romain Bardet peut déstabiliser le maillot jaune... et enfoncer le clou le jeudi, sur les pentes du terrible Izoard. Et même si Christopher Froome est plus fort que lui, Romain Bardet tentera quelque chose, on peut compter sur lui et son tempérament offensif. Le digne héritier d'un certain Bernard Hinault.