Auteur d'une excellente récolte olympique à Rio (6 médailles), sa meilleure de l'histoire aux JO, la moisson devrait être nettement moins fertile à l'équipe de France d'Athlétisme à Londres. La délégation tricolore aborde en effet les Championnats du monde avec un peu moins d'ambitions qu'au Brésil. On ne va pas se le cacher, du 4 au 13 août, les Bleus devraient se faire assez rares sur les podiums de la capitale anglaise.

Moins de médailles, plus de titres ?

Selon La Voix du Nord, Patrice Gergès, le directeur technique national viserait un total de trois breloques.

Pas franchement étonnant au vu de la forme des troupes. Parmi les six médaillés de Rio, deux sont de très grosses chances de podium, voire de victoire, trois sont entourés de pas mal de doutes et un est forfait : Dimitri Bascou, troisième sur 110 m haies aux derniers Jeux Olympiques. Mais dans cette discipline, Garfield Darien, auteur d'une superbe saison, pourrait, pourquoi, pas monter sur la boîte.

Avec une pointe à 13"09 (record personnel), le hurdler français débarque à Londres avec la quatrième meilleure performance de l'année derrière les Jamaïcains Omar McLeod (12"90) et Ronald Levy (13"05), ainsi que le Russe Serguey Shubenkov (13"01). Ce dernier, champion du monde en titre, concourra, comme 18 autres athlètes russes, sous bannière neutre, la Fédération d'athlétisme de leur pays étant suspendue après des problèmes de dopages.

Darrien a donc une bonne carte à jouer sur la course à obstacles, même si cette discipline reste à risques et que la densité est importante : les 10 meilleurs athlètes de l'année ont couru en 13"15 ou moins.

Mayer et Lavillenie, nos meilleurs atouts

Héroïque lors des derniers JO, Kévin Mayer a incontestablement franchi un cap. Médaillé d'argent du décathlon, le bel apollon de 25 ans sera l'un des grands favoris des épreuves combinés.

Le natif d'Argenteuil a encore progressé cette saison, en atteste son superbe triathlon réalisé à Charléty, le 1er juillet dernier. Au cours de cette étape de la Diamond League, Mayer a particulièrement brillé, pulvérisant ses records au javelot et au 110 m haies, brisant au passage les barrières des 70 mètres (70,54 m contre 66,09 m précédemment) et des 14 secondes (13"78 contre 14"01).

De très bon augure donc.

Déjà champion olympique, triple champion d'Europe et désormais septuple champion de France du saut à la perche, Renaud Lavillenie va s'attaquer au seul titre majeur qui manque à son tableau de chasse. Et pour la première fois depuis une éternité, il n'aura pas le statut pesant du favori. Le tout récent papa n'arrive à Londres « qu'avec » la 4ème marque de l'année (5,87 m). L'Américain Sam Kendricks, qui a atteint la première de sa carrière la barre mythique de 6 mètres sera l'homme à abattre. Il faudra également compter avec le Polonais Pawel Wojciechowski, qui a porté son record à 5,93 m, et particulièrement se méfier du jeune loup Armand « Mondo » Duplantis, nouveau record man du monde junior avec un saut à 5,90 m, à seulement 17 ans !

Vicaut, Lemaître, Mekhissi-Benabbad et Robert-Michon dans la tourmente

Auteur d'un début de saison canon qui l'avait vu claquer un joli 9"97, Jimmy Vicaut a ensuite été stoppé par une déchirure aux ischio-jambiers. Il n'a plus couru depuis et s'élancera sur la piste londonienne dans la plus grande inconnue. D'Usain Bolt, qui va tirer sa révérence, il ne verra sans doute que le dos. Revenus bronzés de l'Olympiade brésilienne, Christophe Lemaître et Mahiedine Mekhissi-Benabbad auront certainement bien du mal à rééditer pareilles performances. À des années lumières de leur meilleur niveau, la tâche s'annonce ardue.

Mais sait-on jamais avec le demi-fondeur, souvent présent dans les grands rendez-vous.

Pas franchement dans des conditions physiques optimales, on peut toutefois s'interroger sur le bien-fondé de s'aligner à la fois sur 1500 m et 3000 m steeple lors de ces Championnats du monde... Seule Française médaillée aux derniers JO, la lanceuse de disque Mélina Robert-Michon est, elle aussi, bien loin du niveau de ses exploits.

Candidat de la France en marche (rien à voir avec la politique), l'expérimenté Yohann Diniz, 39 ans, est une potentielle chance de médaille. On scrutera aussi d'éventuelles grosses perfs de Pierre-Ambroise Bosse sur 800 m ou de Kévin Ménaldo à la perche.