La série TV d'Hulu The Handmaid's Tale est incontestablement l'une des grandes gagnantes de la dernière soirée des Emmy Awards. En l'absence du géant Game of Thrones pour cause de calendrier de diffusion, le show a été largement récompensé. Pour la première fois la chaîne américaine Hulu remporte un prix pour l'une de ses créations et entre dans la cour des grands. Parmi les distinctions obtenues, on notera celui de "Meilleure série dramatique de l'année" et de "Meilleure actrice" pour Elisabeth Moss. Une victoire révélatrice pour une série d'anticipation dans un climat politique et social très tendu aux Etats-Unis probablement pas étranger à son succès.

La condition féminine comme moteur.

The Handmaid's Tale (ou La Servante écarlate) c'est avant tout un livre. L'ouvrage de Margarett Atwood fut publié en 1985. C'est une oeuvre dystopique (qui fait de l'accès au bonheur pour certains un cauchemar pour d'autres) et dont l'écho à la période actuelle n'a jamais été aussi fort. Dans une époque proche de la nôtre, une secte violente s'empare du pouvoir aux USA et instaure une dictature religieuse et fanatique. Les femmes y sont brimées et réduites à leur rôle reproducteur pour celles qui ne sont pas atteinte de stérilité. Cantonnées à un statut de marchandise ou au mieux d'esclaves, elles sont broyées dans un système où prime l'austérité. Le glissement subtile entre le monde tel que nous le connaissons aujourd'hui et sa transformation dans la série nous délivre un message terrifiant : le totalitarisme et l'obscurantisme nous guettent toujours.

La fascination pour l'autodestruction

Captivante autant par le contenu de son récit que par l'interprétation de ses acteurs (Elisabeth Moss, Yvonne Strahovski ou encore Joseph Fiennes) The Handmaid's Tale est une fable qui fascine à plusieurs niveaux. Elle met à mal nombre de préceptes qui constituent notre éducation et les valeurs morales de la société occidentale comme la recherche du bien commun et l'égalité entre les sexes.

Ici le bonheur des uns repose sur la contrition des autres. Bien rares sont les productions d'anticipation qui dépeignent véritablement un monde en plein rétropédalage. Le show d'Hulu ouvre la fenêtre terrifiante d'un humanité sans envie de progrès et où des formes d'asservissements révolues font réponses à tout. Voilà une terrifiante boîte de Pandore d'où s'échappent des fantômes que nous pensions disparus (tortures, exécutions barbares, castes, autorité religieuses).

C'est le modèle tout entier de la société occidentale qui s'effondre sous nos yeux, faisant appel à nos peurs d'aujourd'hui. Arrivée à son apogée, le cadre de vie qui est le notre a fini par se mordre la queue et revient à ses terreurs passées par l'autodestruction. Les gardes-fous sont tombés.Tout n'est cependant pas si noir et les personnages victimes de cette première saison sont appelés à prendre leur revanche. Une lueur d'espoir dans la nuit qui poussera sans aucun doute un public de téléspectateurs toujours plus grand et concerné à applaudir la fiction.