Difficile d'imaginer un pays où le Beurre est pris plus au sérieux qu'en France.

C'est un aliment de base de sauces et de pâtisserie. Sans lui, le croissant serait une masse de farine plombée, et le sandwich au jambon-beurre manquerait quelque chose. On dit que la cathédrale de Rouen a été construite en partie grâce aux droits de beurre parce qu'elle a été financée avec les indulgences de carême, et aujourd'hui encore, dans la région ouest de la Bretagne, le beurre salé est une sorte de religion.

Ainsi, une étagère à beurre vide en France est comme une baguette sèche: profondément déconcertante.

Mais avec un effondrement de la production laitière européenne et une poussée de la demande mondiale, c'est exactement ce que nous rencontrons dans nos magasins.

En vérité, les pénuries, bien que notables à l'échelle nationale, ont été sporadiques, et la France ne semble pas s'être arrêtée. Mais dans un pays qui consomme plus de beurre par habitant que n'importe où ailleurs, c'est assez alarmant.

Les médias français donnent donc des conseils sur la façon de remplacer le beurre ou de le faire maison. Un journal parisien demandait même s'il y aurait du beurre pour Noël. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a été confronté à des questions au Parlement. En ligne, les acheteurs partageaient des photos d'étagères vides, et certains diffusaient de fausses publicités offrant de petites quantités de beurre à des prix dérisoires.

La consommation de beurre en France

L'année dernière, la France a consommé environ 8kg de beurre par habitant, selon les statistiques d'un rapport de la Fédération Internationale de Laiterie.

C'est plus de deux fois la moyenne de l'Union européenne et plus de trois fois celle des États-Unis.

Gérard Calbrix, responsable des affaires économiques à l'Association de la Transformation Laitière, a déclaré que l'industrie s'attendait à une crise depuis le printemps. "L'année dernière, de juin 2016 à cet été, la production de lait a baissé en Europe", a-t-il déclaré.

"Pendant ce temps, la demande de beurre a augmenté, sur tous les marchés mondiaux."

Selon M. Calbrix et d'autres analystes, plusieurs facteurs expliquent ce décalage. La production laitière en Europe, déjà en baisse depuis la fin de l’année 2015, s'est effondrée après l'été 2016 en raison des mauvais rendements des cultures fourragères et des conditions météorologiques défavorables.

Rien qu'en France, la consommation de beurre a augmenté de 5% entre 2013 et 2015, selon un récent rapport du Cniel.

Le résultat? Les prix du beurre ont grimpé, passant de près de 2 800 $ en avril 2016 à près de 8 000 $ la tonne en septembre dernier.

Mais seule la France a connu des pénuries, à cause de la façon dont sa chaîne d'approvisionnement alimentaire est organisée.

En France, a expliqué M. Calbrix, les prix entre les fournisseurs et les grands détaillants sont négociés une fois par an, en février.

Le gouvernement a laissé entendre que les craintes d'une pénurie massive sont exagérées.