Les expositions sont de grandes foires à la consommation. On y va comme on va à la grande Braderie de Lille ou au dernier restaurant à la mode... quoique le mot "agriculture" ne soit pas loin de celui de "culture".

Il y a plusieurs façons de voir une oeuvre. On peut marcher, devenir flâneur et la laisser nous questionner. Au jardin des Tuileries, il y a cet arbre monumental, l'Arbre aux Voyelles de Giuseppe Penone. Il est déraciné, ressemble aux autres arbres. Quelqu'un de peu averti pourra trouver mal entretenu ce jardin à la géométrie rigoureuse.

Mais ce n'est pas un arbre comme les autres. La sève n'y coule que par la poétique de son approche.

Il faut des codes pour décrypter. "Voyelles" c'est Rimbaud. Le poète est "voyant" pour ce dernier. Voyelles... voyant. L'artiste "donne à voir l'invisible", écrivait Paul Klee, exposé en ce moment à Beaubourg.L'invisible chez Giuseppe Penone c'est la mort. L'arbre est à l'horizontale, tel un gisant. Ses racines sont saillantes, au milieu d'une pelouse, lieu sacralisé par l'oeuvre qui nous amène à penser le sens du musée. Dans ce dernier, l'oeuvre d'Art est offerte au recueillement de la pensée, à une méditation post-mortem.

Sacralisation paradoxale de l'art : l'arbre est là, oublié de tous et mis en évidence par le panneau qui le signale.

La création de l'artiste doit être fléchée quand elle n'est pas offerte aux yeux par l'artifice du musée. Ce dernier rend visible l'invisible.Paul Klee peint en 1920 L'Angelus novus. Ce tableau est exposé à Beaubourg jusqu'en Août 2016.

Cette vidéo montre la compréhension duphilosophe Walter Benjamin, qui se suicidera en 1940 à la frontière espagnole, avec pour seule présence dans le sac que l'on retrouvera à ses côtés, ce tableau.

Il y lisait la catastrophe qui s'annonçait alors. L'Ange de l'histoire voit la catastrophe de l'avenir. Il lui tourne le dos. Mais ce qu'il voit alors n'est qu'amoncellement de ruines, de violence. Il crie son effroi.

Giuseppe Penone montre notre déracinement, notre abandon. Paul Klee peint le mal et l'inhumain à venir. L'art sacralise la douleur de l'homme.

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