Être blogueuse voyage c’est d’abord une passion. En 2008, Émilie était déjà lancée depuis un an dans un tour du monde. Lors de son arrivée au Vietnam, elle croise Sarah. C’est le coup de foudre amical, pendant un mois elles ne vont plus se quitter. Après ce voyage, Sarah « rentre reprendre une vie normale dans la civilisation », mais finalement, elle va se décider à faire également le tour du monde comme Émilie, idée qu’elle avait déjà depuis un bout de temps et qui se concrétise enfin après une rupture sentimentale. 

Les voyages sous le signe du partage et de la convivialité 

Sarah a lancé son concept « cherche un billet gratos en échange d’un sourire » lors d’un concert de U2 à Paris. Avec sa pancarte, elle a espéré avoir un billet pour le concert de son groupe favori. Coup de chance elle l’obtient, ce qui va déclencher cette idée folle de faire le tour du monde à la recherche de free tickets. Elle a pu assister à différent concerts, des événements sportifs ou encore monter les marches du Festival de Cannes. Elle appelle ça le « Free Ticket World Tour ».

Sarah a eu la chance de participer à la Coupe du monde en Afrique du Sud, mais surtout d’avoir sa place pour la finale. « C’est inespéré d’avoir une place à 650 euros, tout ça contre un sourire », dit-elle avec nostalgie. 

Comment gagner sa vie en voyageant ? 

Pour Sarah, qui travaille la moitié de l’année à l’AFP, continuer de « bosser » dans une entreprise est aussi important pour « rester journaliste, car finalement on ne l’est plus trop en étant blogueuse, même si c’est assez semblable au journalisme quand même » avait-elle confiée. Pourtant la création d’un blog est le choix de beaucoup de journalistes qui se sentent plus libres dans l’écriture et dans la diffusion du contenu « c’est plus personnel » selon Sarah. Pour voyager à moindres coûts, elles font souvent du couchsurfing comme la plupart des blogueurs voyage, mais aussi « parfois on se met d’accord avec des agences de voyage, on réserve notre voiture, les hôtels et même nos billets d’avion, sans trop dépenser d’argent », dit-elle. 


En tant que blogueuses, les filles sont très influentes sur le Web et participent donc légitimement à des voyages de presse. « On voit un certain aspect du voyage qu’on ne verrait pas en tant que touriste, mais je pense que chaque journaliste a sa propre éthique, je n’irais pas conseiller quelque chose que je n’ai pas aimé sur mon blog. » Émilie pense comme Sarah : « A chacun d’être honnête avec ses lecteurs, on va quand même mettre l’accent sur les choses qu’on a appréciées ». Les blogueurs nous offrent donc une vision très juste du voyage. 


Pour ce qui est du coût du voyage, Sarah a dépensé 10 000 euros en un an, « finalement c’est comme si l’on dépensait moins de 1000 euros par mois à Paris, ce n’est pas si cher que ça ». Émilie qui est plus économe a dépensé à peu près 8500 euros. Quand elles retournent à Paris, Sarah se sent un peu plus « chez elle » du fait que ses parents sont ici. Émilie, qui n’habite « nulle part et partout » à la fois, passe la majorité de son temps à voyager, revenir à Paris est pour elle « une partie de son voyage. » 

Une vie ordinaire, ou pas…

Les voyageurs et voyageuses ne mènent pas une vie ordinaire. Émilie nous a confié : « Mes parents me disent souvent profites-en tant que tu n’as pas de mari et d’enfants, mais je me suis dit pourquoi m’emmerder alors que je peux en profiter toute la vie », un brin moqueur. 

Pour ce qui est des enfants, son avis est tranché : « Quand je vois les gamins qui braillent ça ne me donne pas envie, mais je sais bien que je suis un cas parmi la majorité ». Sarah ajoute : « Il y a quand même beaucoup de célibataire parmi les voyageurs, il y en a certains qui voyagent en couple, il y en a qui se séparent aussi, ce n’est pas très facile de concilier les deux. »  

Pourtant Émilie a eu la chance de pouvoir vivre un an avec un homme pendant son voyage : « J’ai rencontré un mec à Fiji sur un voilier, je me suis mise avec lui et nous avons décidé de traverser le Pacifique en voilier ensemble, pendant six mois. Après nous sommes allés en Thaïlande et je me suis dit peut-être que c’est le bon, il n’avait pas de problème financier et c’était plus pratique pour voyager, mais finalement trop de prise de tête et je lui ai dit de rentrer chez lui. » 

Voyager seule, un risque parmi d’autres

On entend souvent les gens autour de nous parler de risque quand les femmes voyage seules, pourtant Émilie ne s’est jamais sentie particulièrement en danger : « Je ne me suis jamais dit c’est dangereux de voyager seule, certains me disaient que j’étais très courageuse, je leur répondais que non, je trouve ça plus courageux de faire des gamins et de se marier. Eux ils ont toutes la vie pour s’occuper de leurs gosses, moi je fais que des voyages ». Sarah pense de son côté qu’« il n’y a pas plus de faits divers de voyageurs qu’ailleurs. » ◆