De l'originalité, il y en a, dans ses mélodies. Tout au longde sa performance scénique, il produira un jeu limpide. Les sonorités sontmultiples, tant ce musicien s’inspire de divers genres musicaux. Il appose unesynthèse soigneusement orchestrée, bien agréable à l’écoute pour les mélomanesqui le découvrent, enfin. Accompagné de musiciens non moins talentueux, tousses titres reposent sur sa guitare. Il en utilise deux, c’est selon. Le vocaln’est pas de trop, celui de Mehdi Askeur (l’un des chanteurs attitrés del’Orchestre National de Barbes). Dans S’ayda(texte du patrimoine algérien chanté notamment par Chikha Rimiti, la grande voixdu raï-blues), l’interprétation est des plus fidèles.

Le rythme et la Musiquetraditionnelle de ce titre sont plutôt adaptés au jazz d’Anis Benhallak. Il nes’agit donc pas de sonorités de l’Ouest d’Algérie, placées dans une tellecomposition. Cela relève de l’ingéniosité de son auteur qui cultive la passionde la fusion, héritée de son background musical algérien (classique, andalou etpopulaire), mais aussi de ses différentes expériences en Europe, depuis qu’ils’est installé à Paris en 2007. Bien minutieux dans l’exécution, ses phrasesmusicales peuvent contenir des gammes maghrébines et/ou africaines, ce qui estle cas dans La cour des miracles.Anis s’inscrit parfaitement dans l’ère du temps, faisant de Paradoxical Project – titre de sonpremier album – un exemple en matière de combinaisons.

Une passerelle naturelleentre les deux rives de la Méditerranée avec des ouvertures sur la pop, lerock, le funk, entre autres. Une richesse qui s’affirme aussi dans le gnawi,mais aussi dans l’arabité, comme dans MajnounLayla. La guitare se substitue au luth, le piano à queue au qanun, leséléments de la batterie aux percussions traditionnelles.

Et il y a autant demobilité dans tout le répertoire d’Anis, assuré par un sextet qui pourraits’élargir à d’autres instruments. Il est aisé de parler aujourd’hui du style« jazzanis », appelé à prendre de la progression et de lamaturité.

Mohamed Redouane