Ce jeudi 9 mars 2017, le Tribunal de Grande Instance de Paris a rendu son verdict : Jeff Koons ainsi que le Centre National Georges Pompidou ont été condamnés pour contrefaçon d’une photographie de l’artiste Jean-François Bauret. La Justice a condamné les parties contrefaisantes à indemniser les ayants-droits du photographe d’une somme de 20 000 euros. L’œuvre d'Art incriminée est une sculpture toute en couleurs intitulée « Naked ». Elle représente deux enfants nus se tenant sur un socle rose couronné de fleurs, avec derrière eux, un drap gisant par terre.
Le petit garçon tient un bouquet de fleurs à la main que les enfants semblent contempler. L’œuvre est donc fortement ressemblante avec celle de Jean-François Bauret mais n’en est pas une copie pure et simple. Il s’agit d’une photo, en noir et blanc, dans laquelle le public peut apercevoir deux enfants nus, se tenant la main et observant la main de l’autre. Jeff Koons s’est donc simplement inspiré de la photo en l’interprétant avec sa sensibilité et sa technique. Cependant, l’originalité dont le photographe avait fait preuve dans la photo a été reprise par l’artiste.
L'œuvre Naked (retiré de l'expo du centre Pompidou) de Jeff #Koons et la photo de J-F Bauret prétendument contrefaite pic.twitter.com/PgqijUy0zv
— AD (@TlseAd) 28 décembre 2014
Condamnation de Jeff Koons: entre liberté d’expression et droit personnel de l’auteur
En droit français, la règle est simple, un artiste peut créer une œuvre d’art à partir d’une autre œuvre seulement s’il obtient l’autorisation de son auteur.
Ainsi, bien que les deux œuvres soient de natures différentes, Jeff Koons aurait dû obtenir l’autorisation des ayants-droits du photographe afin de créer sa sculpture. Cette décision soulève les limites de l’art et la rigidité de la loi. La liberté artistique et d’expression de Jeff Koons a été limitée au nom du droit personnel des héritiers du photographe.
Aux Etats-Unis, une telle œuvre aurait pu être considérée comme non-contrefaisante en vertu du « fair use », exception au droit d’auteur permettant à un tiers d’utiliser de manière « équitable » une œuvre sans l’autorisation de son créateur. Les intérêts particuliers des héritiers passent-ils au dessus de la liberté artistique ?