Alias Grace est la nouvelle mini-série de Netflix. Elle prend place dans un Canada du XIXème siècle misogyne et politiquement instable. Grace Marks est une jeune femme aux traits doux et à l'allure timide. Elle anime les passions des hommes et attise la jalousie des femmes. La série emmène le spectateur dans une atmosphère pesante et pleine de remises en question.
Est-elle coupable du double meurtre ?
Cette série est inspirée de faits réels, l'affaire Grace Marks a connu un grand retentissement au XIXème siècle. Beaucoup la considérait innocente et se sont battus pour que sa peine d'emprisonnement à vie soit annulée.
Dans cette optique le Dr Simon Jordan, éminent psychiatre, décide de programmer des séances quotidiennes avec la condamnée. C'est ainsi, étape par étape, que nous découvrons son histoire : un début de vie traumatisant avec le décès de sa mère et un père abusif, puis la découverte du bonheur grâce à la rencontre avec son amie Mary Whitney et enfin le retour au malheur après le décès de cette dernière. Tout le long de son récit le spectateur est en questionnement. Ment-elle ? Si c'est le cas, c'est une excellente actrice. Avec ses grands yeux bleus, ses lèvres charnues et sa voix délicate, on ne pourrait croire que ce visage poupin puisse être coupable d'un double meurtre.
Cette histoire troublante a attiré nombre de plumes et notamment celle de Margaret Atwood, qui est aussi l'auteur de 'La Servante Écarlate'.
Netflix s'est inspiré de ce roman féministe et de son histoire puissante. Les femmes souffrent dans cette société patriarcale et sous le joug de la religion. Elles sont condamnées par la société, considérées sans valeur et déshonorées si elles cèdent aux plaisirs charnels avant le mariage, tandis que les hommes "coupables des mêmes péchés" continuent de vivre légèrement, rejetant l'objet de leur désir une fois celui-ci assouvi en les laissant souffrir des conséquences.
C'est ce qui tuera Mary Whitney, amie de Grace, et qui fera naître de façon insidieuse sa colère. Etouffée par le carcan des valeurs morales, Grace ne laisse rien paraître. Après ce drame, elle quitte la maison de ses employeurs pour recommencer chez un autre. Un gentleman écossais vivant dans une maison calme et éloignée de la ville, composée seulement d'une gouvernante et d'un garçon d'étable.
C'est à ce moment là que le spectateur commence à avoir des doutes. Et si Grace a l'air d'une actrice brillante c'est que finalement elle n'en est peut être pas une ...
Possédée, schizophrène ou tout simplement malfaisante, les questions restent sans réponse. La fin nous laisse perplexe, à presque devenir aussi fou que le Dr Jordan. Dans les faits historiques, toutes traces de Grace Marks disparaissent après sa libération. Pour l'éternité, elle conservera son mystère.