En une semaine, l'album "Civilisation" a été écoulé à plus de 138.000 exemplaires, chiffre le certifiant déjà "disque de platine", supplantant même le succès du dernier album d'Adèle, intitulé "30". Orelsan aura su faire la différence, notamment en proposant 15 versions différentes du CD [VIDEO], illustrant chacune des chansons de l'album. Dans certains d'entre eux, le chanteur a même glissé un "ticket d'or" assurant au détenteur la gratuité de tous les concerts que l'artiste donnera par la suite. Avant même sa sortie, l'album d'Orelsan a donc suscité un grand intérêt auprès des fans.
'Civilisation' : l'album d'un cheminement
Les fans du rappeur normand Orelsan attendaient avec impatience la sortie de son nouvel album, le 19 novembre 2021. Et pour cause, outre le fait que l'artiste ait été absent pendant 4 ans, l'attention du public avait déjà été captée, le 15 octobre 2021, par la sortie sur Prime Video de la série documentaire Montre jamais ça à personne, filmée et réalisée par son frère, Clément Cotentin. Ce documentaire met en scène la vie d'Orelsan depuis ses tout débuts, ses difficultés, ses doutes, ses erreurs également, et est agrémenté d'anecdotes racontées par ses meilleurs amis, toujours présents depuis toutes ces années. Le regard tendre de son frère, l'admiration qui transpire de ces images, ces histoires d'amitié qui ont traversé le temps, sont autant de choses qui ont touché le public.
Des images authentiques, des récits parfois poignants, la magie a forcément opéré. Impossible de ne pas constater une évolution (qu'elle soit jugée positive ou négative) entre son album précédent "La fête est finie" et "Civilisation". Évolution par ailleurs notable tout au long de ce dernier ; les chansons défilent et nous sommes rendus témoins du cheminement qui articule ses textes.
Des textes dénonciateurs et engagés
L'album prend un tournant presque militant, en ce sens que l'artiste dénonce, chanson après chanson, les dysfonctionnements de notre société ainsi que ses failles. Que cela soit à travers la chanson "Manifeste", "L'odeur de l'essence", en passant par "B**se le monde" et "Civilisation", l'artiste met en lumière ce qu'il juge être problématique, ce qui fait du mal à nos sociétés.
C'est notamment dans la chanson "Manifeste" qu'Orelsan peint l'allégorie de la France dans laquelle nous vivons, cette France portée par une femme du même nom, cette France qui souffre, cette France qui s'occupe des Autres, celle qui s'épuise et qui ne se sent guère reconnue ou considérée. L'artiste se veut même porteur de conseils pour la jeunesse qui l'écoute, conseils qu'il aurait peut-être lui-même souhaité recevoir, plus jeune.
Orelsan ose aussi parler d'amour
Suite à un titre sorti en 2007, intitulé "Sale p***", Orelsan se retrouve pris dans une polémique. Dans cette chanson, Orelsan se met dans la peau d'un homme rongé par la haine, après s'être senti trahi par sa compagne. Les propos qu'il y tient choqueront le public, qui y voit une incitation aux violences faites aux femmes.
C'est à ce moment-là que se pose la question de la responsabilité des artistes et de leur devoir d'exemplarité envers la jeunesse qui les écoute. Orelsan ne jouera plus cette chanson et s'exprimera à plusieurs reprises sur le sujet : "Dans cette chanson, j'essaie de montrer comment une pulsion peut transformer quelqu'un en monstre. J'ai tourné un clip où je porte un costume cravate et bois de l'alcool, pour montrer qu'il s'agit d'une fiction. En aucun cas je ne fais l'apologie de la violence conjugale. L'attitude de ce personnage me dégoûte, mais j'ai l'impression de représenter artistiquement la haine, comme a pu le faire un film comme "Orange Mécanique"". Orelsan semble assez pudique quant au sujet de l'amour, mais dans cet album, il dédie plusieurs de ses chansons ("Ensemble", "Athéna") à sa compagne, criant au monde au monde entier l'amour et le respect qu'il lui porte, et montrant par la même combien il est heureux.